Des représentants de la Fédération nationale des communications (FNC) du Conseil des syndicats nationaux (CSN) ont déposé mi-février une pétition au parlement d’Ottawa. L’objectif est de réclamer l’adoption de mesures gouvernementales pour contrer les difficultés actuelles de la presse écrite. L’Exemplaire a questionné Pierre Asselin, éditorialiste au journal « Le Soleil », à propos de la crise des médias papier et des revendications promues par la FNC-CSN.

« L’Exemplaire » voulait d’abord comprendre ce qui se passe avec la presse écrite. Est-ce un problème de baisse de lectorat ? La réponse de M. Asselin est oui… et non.

Selon l’éditorialiste, les journaux de papier, notamment « Le Soleil », ont vu leur lectorat diminuer, mais ça ne veut pas dire que les gens lisent moins ou qu’ils s’intéressent moins à l’actualité. Cela veut surtout dire qu’ils vont puiser leurs informations ailleurs, notamment sur des plateformes Internet (Google, Facebook, etc.). Des plateformes qui ne redistribuent pas de revenus publicitaires aux journaux nationaux, mais bénéficient du travail journalistique de ces derniers.

Les deux principales conséquences de cette diminution de revenus publicitaires sont la perte d’emplois au sein des journaux québécois et l’impossibilité de créer de nouveaux postes, ce qui nuit à leur croissance et menace à terme leur survie.

Dans ce cas, la solution ne serait-elle pas de faire comme « La Presse » et d’abandonner le papier au profit du numérique ? « Non, car la version numérique du journal ne génère pas assez de revenus », constate M. Asselin.

Le numérique ne suffit pas à contrer la crise

Que faut-il faire, alors ? La FNC-CSN préconise plusieurs mesures à prendre par le gouvernement fédéral pour aider financièrement les quotidiens. Notamment la mise en place de crédits d’impôt sur la masse salariale et l’accès des journaux au fonds des périodiques. De nouvelles approches en termes de publicité sont également recommandées. Par exemple, que le fédéral donne priorité aux médias nationaux dans ses propres achats de publicité et que la Loi de l’impôt sur le revenu soit modifiée pour que les revenus des publicités de Facebook ou Google qui visent les Canadiens soient soumises à l’impôt.

En plus de ces mesures qui touchent la fiscalité, d’autres suggestions sont mises de l’avant afin de combattre la violation des droits d’auteurs des journalistes du Québec et du Canada par les Google, Amazon, Facebook et Apple (GAFA). Le syndicat propose ainsi de s’inspirer du « Projet de directives sur le droit d’auteur pour le marché numérique » de la Commission européenne pour obliger ces plateformes à rémunérer à juste prix les éditeurs des journalistes québécois et canadiens dont elles partagent les articles. Enfin, une société nationale de perception de droits (inspirée de la société québécoise COPIBEC) serait créée pour redistribuer à qui de droit les sommes ainsi récoltées.

La baisse des revenus publicitaires nuit à la croissance du journal Le Soleil, constate M. Asselin. (Crédit photo : Geneviève Morin)
M.Pierre Asselin, éditorialiste au Soleil, a signé la pétition déposée le 14 février à Ottawa. (Crédit photo : Geneviève Morin)