Depuis quelques mois, l’Iran se retrouve au coeur de l’actualité en raison de fortes répressions des manifestations qui s’y déroulent. Lors du coup d’envoi de leur premier match du Mondial 2022 au Qatar contre l’Angleterre, les 11 joueurs de soccer présents sur le terrain ont refusé de chanter leur hymne national.

Si les joueurs de soccer ont refusé d’entonner leur hymne lors de leur premier match, c’est pour exprimer leur soutien aux victimes des manifestations violemment réprimées dans leur pays.

La protestation a commencé le 16 septembre dernier, le jour de la mort de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans d’origine kurde morte en détention pour avoir mal porté le voile.

Le président de la République islamique d’Iran avait d’ailleurs essayé d’anticiper cette éventualité. Les joueurs iraniens de soccer avaient été reçus par leur président avant leur départ pour la Coupe du monde. Celui-ci les avait contraints à ne pas communiquer leur solidarité avec le mouvement actuel de protestation contre le régime. La presse iranienne a d’ailleurs expliqué que les joueurs avaient même dû jurer par écrit de chanter l’hymne national.

Un acte symbolique

L’équipe iranienne avait déjà refusé de chanter leur hymne avant un match amical de préparation à la Coupe du monde le 27 septembre en Autriche contre le Sénégal. Les joueurs de soccer sont venus habillés d’une veste sans blason et masquant le logo de la Fédération. Toute l’équipe est restée muette et la tête baissée.

Ce geste symbolique a été accompagné d’un brassard noir que les joueurs ont porté en signe de deuil. Depuis, cet acte a été repris lors de compétitions à l’étranger par de nombreux autres sportifs iraniens.

Certains supporters ont également hué l’hymne depuis les tribunes. Le slogan « Femme, vie, liberté » prononcé depuis la mort de Mahsa Amini par les manifestants iraniens, était visible sur des pancartes et des t-shirts portés dans les tribunes.

Le soccer, un sport particulièrement politisé

Il est courant que les joueurs utilisent des évènements sportifs pour parler d’une cause politique en particulier.

Francesco Cavatorta, professeur et directeur du baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales à l’Université Laval, nous explique que « le soccer est le sport le plus populaire dans le monde même dans les pays qui ont des équipes nationales peu performantes. Il donne donc la possibilité aux nations qui ont traditionnellement des bonnes équipes de projeter une image qui peut servir de ‘diplomatie publique’ ou soft power. »

L’impact de leur geste à l’international 

D’après Francesco Cavatorta, « il ne faut pas sous-estimer la capacité de mobilisation politique que le sport peut avoir. »

Faire passer un message politique lors de grands évènements sportifs a un réel impact. L’action des joueurs iraniens a fait le tour des médias du monde. Cela a donc donné une visibilité certaine au pays et aux fortes répressions qui y ont lieu. Cependant, le professeur de l’Université Laval rappelle que « mesurer le véritable impact sur les individus et citoyens reste très difficile. »