Le gouvernement Legault a adopté le 8 février dernier la loi 40 concernant l’éducation sous le bâillon. Élizabeth Allison, étudiante au baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire à l’Université de Sherbrooke, sera directement affectée par les changements apportés par cette loi lors de son entrée en poste dans deux ans. Selon elle, l’adoption de cette loi est une source de découragement pour plusieurs étudiants en enseignement. 

Parmi les diverses initiatives prévues par la loi, il y a tout d’abord l’abolition des commissions scolaires. Elles seront remplacées par des centres de services dirigés par des conseils d’administration. Pour l’entrée en poste des enseignants fraîchement diplômés, ce changement apporte son lot de questionnements. « On ne sait pas trop comment ça va être divisé les territoires, l’ancienneté, les postes et les contrats », affirme Élizabeth.

À partir de l’année prochaine, les élèves en difficulté n’auront plus de cote. Auparavant, les élèves avec un trouble de comportement grave avaient une cote 12. Ainsi, ils comptaient pour deux jeunes dans une classe. Avec l’adoption de la loi, ils ne prendront qu’une seule place, ce qui surchargera les classes. Malgré son diplôme en éducation spécialisée, Élizabeth s’inquiète de cette nouvelle réalité pour elle-même, mais également pour les autres enseignants qui ne sont pas outillés pour faire face à la situation. « Les élèves en difficulté comme ça, ça prend du jus. Même si j’ai mon diplôme, j’ai besoin de ressources », explique-t-elle.

Pour ce qui est de la formation continue des enseignants, elle sera désormais obligatoire et les thèmes seront imposés. Les professeurs n’auront plus leur mot à dire sur leur développement professionnel. « On ne pourra plus choisir ce qu’on veut, ce qui est adapté à notre groupe, à notre milieu, ce qui nous rendrait meilleurs comme enseignants » dans les formations, dit l’étudiante en éducation.

Remise en question

« La loi 40 a un effet sur notre perception de l’enseignement », énonce Élizabeth. Plusieurs étudiants en éducation se remettent en question. Certains pensent changer de domaine en constatant l’augmentation des conditions difficiles de la profession ainsi que sa dévalorisation dans la société. « Juste à l’université, les gens disent qu’on est au baccalauréat en bricolage, que c’est facile ce qu’on fait et qu’on est là-dedans parce qu’on ne sait pas ce qu’on veut faire dans la vie », exprime-t-elle.

Du côté des enseignants, le découragement est aussi présent. La loi 40 entraîne certains professeurs à penser à la démission. Pour l’enseignante qui supervise le stage d’Élizabeth, elle ne sait pas si elle aurait choisi ce métier en sachant que cela se déroulerait aujourd’hui de cette façon dans le milieu.

Selon une étude, 25 % des enseignants décrochent dans leurs cinq premières années de métier. Élizabeth affirme que les changements qu’apporte la loi 40 au milieu de l’éducation n’amélioreront certainement pas cette statistique.