Identités et expressions de genre sont les thèmes du nouveau projet pictural de Rosalie Gamache, peintre québécoise de 26 ans. Exposé depuis le 5 octobre à la bibliothèque Paul-Aimé Paiement, dans le sud de Charlesbourg, Portraits doubles est un corpus d’œuvres mêlant procédés classiques et démarche contemporaine audacieuse.

Après avoir exposé à la bibliothèque Claire-Martin cet été, c’est toujours à Québec que Rosalie Gamache présente son art jusqu’au 30 octobre. Intitulé Portraits doubles, son projet consiste en un ensemble de portraits réalistes peints à l’huile, mais utilisant différentes techniques artistiques. Alors étudiante en baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’Université Laval, elle explique avoir eu l’idée de cette série en cherchant sur quel support léger et pratique dessiner lors de son échange à Marseille en 2017.

« J’ai découvert le papier calque polyester, j’ai commencé à faire des tests là-dessus et là le fait d’avoir un support mince, de pouvoir jouer avec la transparence, de le découper… J’ai exploré les possibilités et comme j’ai toujours fait du portrait, je me suis dit que j’aimerais bien faire se rencontrer deux portraits en un », explique la jeune peintre. Rosalie Gamache commence alors une série sur les drag-queens dont la versatilité d’identité correspond à celle de son support.

Après quelques œuvres, elle réalise vouloir explorer la thématique autrement : « Je voulais aller dans une ouverture plus large, peut-être avec plus de subtilité. » S’ensuit la série composant la majeure partie de Portraits doubles, réalisée avec six participants. « Ce sont des gens qui vont tous avoir une recherche identitaire au niveau de leur genre », confirme Rosalie.

Une approche intime

L’artiste québécoise explique également avoir impliqué ses modèles dans le processus de création : « On élaborait ensemble le concept de l’œuvre, puis on essayait de trouver la technique, la pose, l’attitude. Pour plusieurs, ça a été une démarche personnelle intéressante de participer à ça, ne serait-ce que pour voir comment ils se définissaient dans les discussions qu’on avait.

Avant de peindre, la portraitiste passe par la séance photo, puis la retouche pour explorer toutes les possibilités. « La photographie me permet de jouer beaucoup avec la composition, d’essayer des choses différentes, parfois j’aurais pas eu ces idées-là si j’avais pas manipulé l’image », affirme-t-elle. Entrelacement de portraits découpés, peinture sur calque ou technique classique avec toutefois des trompe-l’œil, certaines œuvres demandent jusqu’à 150 heures de travail.

Toutefois, Rosalie ne compte pas s’arrêter là. Elle confie : « J’ai déjà de nouveaux modèles en tête. » Avec de nombreuses expositions prévues jusqu’en Abitibi, Rosalie Gamache espère continuer à peindre ces portraits doubles tout en faisant profiter les modèles de l’expérience artistique : « On avait du fun, on essayait des affaires… Pour eux, c’est aussi une façon de s’exprimer là-dedans, c’est comme si je leur offrais un terrain de jeu ! »

Mimicry Fomoire, L’Arlequin : les portraits portent le nom du modèle, suivi de celui de leur alter ego également représenté. (Crédit photo : Lydie Galipo)