Le mois de septembre marque le retour annuel des Grands Explorateurs. Au programme de cette saison 2019-2020, des destinations comme toujours exceptionnelles à travers le monde. Mais ce qui retient l’attention cette année, c’est le choix de la Corée du Sud comme film d’ouverture. L’explorateur et réalisateur François Picard revient sur son aventure au pays du matin calme, l’occasion de découvrir une contrée parfois méconnue ayant marqué l’actualité de cette décennie.

Le journaliste de formation présentait le 21 septembre dernier au Grand Théâtre de Québec son film sobrement intitulé « La Corée du Sud, pays du matin calme ». Un choix de lancement audacieux au vu des enjeux qui pèsent sur cette région du monde. Séoul, capitale et troisième mégalopole mondiale, rayonne avec plus de 9,7 millions d’habitants. Sa position est toutefois relative comme le souligne le conférencier par la métaphore « la crevette entre deux baleines », illustrant la forte influence qu’ont le Japon et la Chine dans la péninsule.

L’actualité géopolitique du pays a une portée symbolique forte. À noter en avril 2018, la poignée de main entre les dirigeants des deux Corées ennemies, Kim Jong-un au Nord et Moon Jae-in au Sud. La frontière marque un conflit territorial et idéologique comme le rappelle François Picard : « Cette ligne suscite sans cesse tension et espoir, d’un côté un pays ouvert à l’international et de l’autre un pays fermé qui ne laisse entrevoir que peu de choses. » Cette rencontre si médiatisée amorcerait-elle la paix ?

Cette conférence de François Picard répond à un engouement du public pour la Corée du Sud, pays qui comptait auparavant parmi les plus pauvres du monde et qui n’a de cesse de se développer. Le réalisateur confie à ce propos : « La Corée compte parmi les puissants car elle a su se réinventer et créer, elle conjugue modernité et tradition, les jeunes sont particulièrement séduits par cette destination. » Tant sur le plan économique que culturel, la korean touch s’impose en matière d’innovation, de nouvelles technologies ou encore avec l’émergence de la pop coréenne ou K-pop, véritable succès auprès des adolescents, et plus récemment via l’avènement du film Parasite récompensé par la Palme d’or à Cannes.

De voyage à partage didactique

Ce qui anime François Picard, c’est le voyage. Son bagage journalistique rend compte de son ambition à communiquer autour de ces expériences à l’étranger. Il aspire à « donner une image différente de celle du pays des téléphones intelligents ». Il a ce souci de transmettre : « Je tiens sûrement ça de ma mère, elle enseignait l’histoire dans un lycée. » Mais loin des salles de classe, c’est dans les salles obscures qu’il tend à sensibiliser le public à d’autres cultures.

Le documentaire est prétexte à confronter préjugés et véracité. La Corée du Sud semble être en cela un choix pertinent, la culture asiatique étant diamétralement opposée à la culture occidentale. François Picard offre là non pas une mise en scène de lui-même dans un documentaire embarqué et performatif, mais bien une parenthèse contemplative et explicative sur ce qui se passe de l’autre côté du globe.