Depuis le 2 octobre, le théâtre Premier Acte présente Celle qu’on pointe du doigt, mise en scène par Simon Lemoine. Et un premier texte pour la comédienne Marie-Pier Lagacé. Cette association donne lieu à une œuvre forte qui enquête sur les origines d’un sujet encore tabou aujourd’hui : l’infanticide. L’auteure a décidé de s’attaquer à ce monstre silencieux dans sa nouvelle production.

Une jeune femme ordinaire dans un monde ordinaire. Voilà ce qu’elle est. Un personnage en recherche constante d’affection, avec ses peurs et ses faiblesses : « J’avais envie qu’au départ [elle] soit le plus générique possible et, à la toute fin, j’ai ressenti le besoin de m’identifier à ce personnage-là. Je pourrais être cette personne. Ce pourrait être n’importe qui. »

L’histoire se résume en quelques mots : l’irréparable qui arrive sans que personne ne s’y attende, comme souvent, alors que les signes étaient là. Mais personne n’a su écouter ou parler au bon moment, ce qui nous mène à un début de pièce révélateur de la suite du spectacle, c’est-à-dire l’instant même où tout bascule.

La scène se passe dans l’ombre, et ne retentit qu’une conversation entre une femme perdue, paniquée, et un numéro d’urgence dont l’interlocuteur semble aussi déconcerté que le public dans la salle, et ce dès les premières minutes.

Faire tomber le mur du silence

Cet acte regrettable n’est pas anodin et fait partie de ceux qui découlent, comme bien d’autres, d’un trouble parfois imperceptible : « J’avais envie de parler de l’infanticide, mais très vite c’est devenu un prétexte pour parler de la maladie mentale, de la dépression post-partum, parce que mes statistiques m’amenaient surtout à découvrir que très peu de gens consultent pour ces problèmes de santé mentale », souligne Marie-Pier. La brochure du spectacle révèle d’ailleurs ces quelques chiffres inquiétants dans son résumé :

·       19 % des femmes souffrent de dépression post-partum légère

·       7 % des femmes souffrent de dépression post-partum majeure

·       40 à 50 % d’entre elles ont des idéations d’infanticides

·       chaque année au Québec ont lieu 6 à 8 meurtres d’enfants

Au-delà d’une morale, la pièce se pose comme une prévention, elle invite à regarder autour de soi : « La morale appartient aux autres. Je voulais être sûre qu’on saisisse le message, mais parfois ce n’est pas si évident de prêter l’oreille. Je pense que déjà si on abat les préjugés et qu’on accepte un peu de parler aussi, pas juste écouter, mais en parler quand ça ne va pas, si on accepte de faire ça un peu plus, je vais avoir l’impression que c’est mission accomplie. »

La pièce est présentée au théâtre Premier acte jusqu’au 20 octobre, tous les soirs à 20 heures, sauf pour la dernière qui aura lieu à 15 heures.