La 8e édition du salon du livre des Premières Nations aura lieu du 14 au 17 novembre. Tous les ans, c’est une rencontre entre Québécois et Amérindiens qui participent à la promotion de la littérature autochtone. Dans la petite librairie située en plein cœur de la communauté de Wendake, les propriétaires Cassandre et Daniel Sioui dirigent depuis dix ans cet espace qui accueille des poèmes et des romans signés par des auteurs autochtones. Ils expliquent l’impact de cette enseigne dont ils sont les pionniers.

Avec Hannenorak, les deux libraires se sont lancé une mission : celle de de garder leur culture vivante, la faire partager, et ainsi attirer l’attention de nouveaux visiteurs. Chacun d’entre eux vient chercher en quelque sorte son intérêt. Cela peut aller de la reconquête de son identité à la simple curiosité d’en apprendre plus sur le pays et ses origines. La littérature autochtone est importante en termes de représentation car elle s’inscrit dans une pérennité. Elle laisse donc une trace de l’histoire et de l’héritage amérindien.

Lors de son inauguration en 2009, Hannenorak était une librairie spécialisée mais elle est devenue généraliste. Cette transition a permis d’élargir sa clientèle, et par la même occasion influencer sa consommation. Maintenant, il est possible qu’un lecteur passionné de littérature en général puisse retrouver sur la même rangée des fictions d’auteurs européens et des recueils autochtones.

La librairie abrite néanmoins en majorité tout ce qui est relié à la culture des Premières Nations. On peut y retrouver du théâtre, des recueils de poésie, des essais et des livres pour la jeunesse. Il est également possible de consulter des textes bilingues comme ceux de la poète et réalisatrice Joséphine Bacon qui publie ses textes en français mais aussi en Innu-aimun.

Présents chaque année au salon du livre, Cassandre et Daniel peuvent se vanter d’être les premiers à tenir une librairie entièrement dédiée à la littérature autochtone. Celles-ci sont en effet absentes au Québec et dans les autres provinces du Canada. Bien qu’il y ait une reconnaissance dans la musique ou le cinéma, le domaine de la littérature se voit peu représenté. « S’il devait y avoir une autre librairie de ce type, ce serait dans une grande ville comme Montréal par exemple », affirme Cassandre.

Une œuvre de sensibilisation

Si Cassandre et Daniel ne disent pas faire partie d’un mouvement engagé, ils se considèrent néanmoins comme des intermédiaires entre les œuvres et le lecteur. À l’heure où les communautés autochtones subissent toutes sortes de discriminations, les livres de certains auteurs peuvent être amenés à sensibiliser les lecteurs à leur situation. C’est le cas de l’auteur Katherena Vermette et son livre « Ligne Brisée » qui aborde le racisme envers les femmes autochtones au Canada. « Si un policier de la SQ passe par là et qu’il lit un des livres engagés, ça pourra peut-être le toucher », explique Cassandre avant d’ajouter : « Il est vrai qu’on a un rôle de passeurs, d’intervenants, d’éducateurs, d’acteurs sociaux. » Un moyen d’expliquer leur rôle qui n’est pas seulement de conseiller les clients et de leur vendre des livres, mais de participer à leur éducation en leur transmettant un savoir et un héritage culturel.