QUEBEC  – Le mois de l’histoire des Noirs (février) a été célébré dans tout le Québec avec une série de colloques, spectacles et expositions qui ont attiré des centaines de personnes. Un événement marqué cette année par la mort de Nelson Mandela et le débat sur la charte des valeurs québécoises.

Partenaire de cet événement, le Cégep Garneau a basé sa programmation sur l’Afrique. Il a organisé différentes conférences sur le thème de «revisiter l’Afrique». Une programmation qui a permis aux jeunes de combler certaines lacunes. «Une ancienne étudiante est venue faire un vox-pop chez nous à la suite de la mort de Nelson Mandela et nous nous sommes rendus compte que la majorité des étudiants ne savait pas qui il était», lance Michèle D’Haïti, professeure d’anthropologie au cégep.

Durant trois jours, des intervenants d’origine africaine ont présenté aux collégiens leurs parcours, leurs musiques et leurs ressentis. Pour Gisèle Ndong Biyogo, auteure et ancienne membre de la table ronde du conseil d’administration du mois des Noirs, partager est important surtout au moment où l’on parle de la charte des valeurs. «On ne doit pas la voir comme une fermeture. Il faut qu’on se rappelle ce qu’on a construit, le chemin parcouru ensemble pour mieux vivre collectivement et continuer sur la même voie». Cette idée reprend le mot d’ordre de cette année : «Aucun de nous en agissant seul ne peut atteindre le succès» – Nelson Mandela.

Originaire du Gabon, Gisèle a trouvé sa place au Québec : «J’ai vécu en Europe pendant sept ans, j’ai vu l’intolérance, les partis xénophobes, le rejet de l’autre, mais ici je ne l’ai pas ressenti».

Le mois de l’histoire des Noirs, pas une fin en soi.

Aborder l’histoire des Noirs un mois dans l’année n’est pas suffisant pour Joseph Djossou, organisateur et professeur de philosophie au cégep : «C’est un prétexte pédagogique. Dans les programmes, on ne voyait pas beaucoup d’espace où parler de la situation des Noirs. On a saisi cette occasion pour aborder ces questions-là».

Du côté de l’association des Etudiants Antillais de l’Université Laval, rien n’a été mis en place pour cet événement. «Si c’est pour faire connaître l’histoire et le parcours des Noirs à la jeunesse québécoise, c’est intéressant. Sinon, je pense que ce n’est pas la peine d’y revenir chaque année en février, c’est du passé», déclare Jacques Washington Joseph, le coordinateur de l’association.

L’association préfère faire valoir les communautés antillaises et haïtiennes tout au long de l’année. «Nous organisons diverses activités socioculturelles montrant leur gastronomie, leur culture, leur musique», a-t-il ajouté.

C’est une idée à laquelle songe également Joseph Djossou : «Nous envisageons de créer au collège un centre d’étude comparatif qui permettra de travailler sur les questions des communautés noires tout au long de l’année.»

Pour l’instant, le mois de l’histoire des Noirs permet une visibilité faute de mieux : «Nous espérons que nos dirigeants prennent conscience de la nécessité pour nos jeunes d’ouvrir leur esprit et qu’ils donnent une place déterminante à ces préoccupations dans les programmes. Alors peut-être qu’à ce moment nous ne ferions plus le mois de l’histoire des Noirs», insiste Joseph Djossou.

Le Mois de l’histoire des Noirs a vu le jour aux Etats-Unis en 1976 pour commémorer la contribution des communautés noires au développement des sociétés contemporaines. Il est aujourd’hui célébré dans de nombreux pays. Au Québec, un projet de loi a été adopté le 23 novembre 2006 faisant du mois de février le Mois de l’histoire des Noirs.