QUÉBEC — Le répertoire des entreprises d’économie sociale de la Capitale-Nationale s’est enrichi d’une 200e entreprise le 8 octobre dernier. C’est à la coopérative de travail Courant alternatif, fondé par des entrepreneurs électriciens, qu’est revenu l’honneur de franchir ce cap important pour la Conférence régionale des élus (CRÉ), promoteur du répertoire. 

Souvent vu comme le parent pauvre du monde des affaires, les entreprises d’économie sociale génèrent pourtant pour plus de 2 milliards $ en revenu dans la région de Québec, selon la CRÉ. C’est une somme plus importante que celle générée par l’industrie touristique, un secteur économique beaucoup plus valorisé. Cette situation fait dire à Vanessa Sykes, chargée de projets en économie sociale à la CRÉ, que «l’économie sociale est le secret le mieux gardé du monde économique».

C’est, entre autres, pour cette raison que la CRÉ a créé le répertoire des entreprises en économie sociale. «L’idée, c’est de montrer la plus value de ces entreprises et de faire connaître cette manière de faire des affaires», explique-t-elle. Il y a près de 700 entreprises d’économie sociale dans la région selon la CRÉ. «Nous visons inscrire 500 d’entre elles au répertoire», indique-t-elle.

Mythes à déconstruire

Pour Vanessa Sykes, il faut déconstruire certains mythes. «Ce n’est pas parce que les revenus ne vont pas à des actionnaires externes qu’on ne fait pas d’argent en économie sociale», explique-t-elle. «Ces entreprises se distinguent parce qu’elles réinvestissent leurs profits dans la collectivité.»

C’est un modèle qui rejoint de plus en plus de gens, surtout depuis les récents scandales de corruption et de collusion, selon Mme Sykes. «Les valeurs de l’économie sociale : partage, transparence, retour à la collectivité, développement durable, une fois qu’on y goûte, on y adhère», lance-t-elle.

Pour Julien Bourgeois, l’un des trois fondateurs de Courant Alternatif, choisir le modèle coopératif, c’était aussi l’occasion de travailler dans un modèle qui permet la prise en charge. «Subir positivement ou négativement la décision d’un patron sans avoir voix au chapitre ne m’intéressait pas» explique-t-il. «Bien sûr, je ne pourrai pas vendre mon entreprise pour mon fond de pension, mais l’entreprise va durer et s’ancrer dans la collectivité», ajoute-t-il.

Le fait que beaucoup de gens font davantage confiance aux entreprises d’économie sociale qu’aux entreprises classiques est une autre source de motivation pour lui. «Quand les gens nous voient arriver, il se disent : "tiens, une coopérative. Voilà une entreprise qui n’essaiera pas de nous avoir ".»

La prochaine cible de Vanessa Sykes et de son répertoire? Antidoxe, une coopérative de solidarité en animation philosophique, fondée par des étudiants de l’Université Laval.