Des données régionales indiquent que le taux de tentatives de suicide a plus que doublé au cours de la dernière année chez les moins de 17 ans. Le Québec est situé en milieu du peloton mondial selon les statistiques, malgré une diminution progressive et constante.  Même si le nombre de décès par suicide, selon l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), a diminué de 500au cours des dernières années , il y a encore trois personnes qui se suicident par jour au Québec.

Le suicide est l’une des principales causes de décès prématuré au Québec et le taux de mortalité par suicide est deux fois plus élevé que celui sur les routes. Pourquoi un tel bilan ?  Jérôme Gaudreault, directeur général de l’AQPS, revient sur l’historique du suicide dans la population au Québec. En cause, une individualisation de la société mais aussi un aspect moins illégal.

La société québécoise est désormais mieux organisée pour prévenir le suicide mais pas encore assez selon l’Association : « On doit continuer à faire diminuer le nombre mais ce n’est pas uniquement notre rôle, mais celui de l’ensemble de la communauté québécoise. On est en train de conscientiser la population ».

Les hommes et les milieux ruraux : les plus touchés

La population la plus touchée, ce sont en priorité les hommes. Ils sont trois à quatre fois plus nombreux à se suicider, comparés aux femmes. Un fait qui s’explique par une plus forte impulsivité, mais aussi par une peur de se confier et de rechercher de l’aide.

En plus des hommes, il faut aussi savoir que le taux est plus élevé dans les régions éloignées que dans les centres villes. Jérôme Gaudreault explique ce fait par plusieurs hypothèses : l’accès aux services d’aides et de soins dans les grands centre est plus facile, mais il faut aussi noter que plus d’armes à feu sont présentes dans les régions éloignées, l’accès à une arme est donc plus banalisée. Pour la période 2008-2010, la pendaison, la strangulation et la suffocation ont été les moyens les plus souvent utilisés pour mettre fin à sa vie, et ce, tant chez les hommes que chez les femmes

Le rôle clé des intervenants

Dans les tactiques à venir, il est très important aux yeux du directeur de multiplier les intervenants du Centre de Prévention du Suicide de Québec  afin de pouvoir assurer un suivi immédiat et durable auprès d’une personne suicidaire. Le CPSQ est un organisme communautaire guidé par un ensemble de pratiques en prévention du suicide reconnues par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce service s’adresse a trois types de personnes. En effet, il ne s’occupe pas uniquement des personnes suicidaires, mais aussi aux personnes endeuillées par le suicide ainsi que les proches et les intervenants qui ont besoin d’être soutenus, conseillés dans leur fonction auprès d’une personne suicidaire. Ces intervenants ont minimalement une technique en intervention d’aide.

Pour les postes cliniques ou les formations, il faut détenir un baccalauréat en relation d’aide.

Sur la dernière année, ils ont dû gérer plus de 24 828 appels. C’est en moyenne 571 personnes différentes pour chaque mois. Des chiffres qui représentent une aide auprès de 4 509 québécois. Pour gérer tous ces appels, de nouvelles sentinelles sont formées chaque année. Les sentinelles sont des citoyens aptes à reconnaître les signes avant-coureurs du suicide et qui savent comment agir. Environ 15 000 sentinelles sont présentes au Québec dans plusieurs milieux de la communauté. Entre 2013 et 2014,  13 groupes de formation ont permis de créer 133 nouvelles sentinelles.

Au centre du Centre de prévention suicide de Québec

Annie Therrien est présente au quotidien avec son équipe d’intervenants dans les locaux du Centre de Prévention Suicide à Québec. Leurs rôles ? Répondre au téléphone, assurer les suivis derrière ces appels, parfois rencontrer les personnes suicidaires. Tous ces intervenants doivent assurer une ligne téléphonique continue, toujours ouverte. Ils reçoivent actuellement en moyenne entre 70 et 80 appels  de détresse par jour pour la région de Québec et Port neuf, parfois Charlevoix. Un métier qui peut s’avérer difficile moralement et qui demande une bonne cohésion d’équipe.

Présente depuis six ans, Annie Therrien assure désormais les formations. Mais après avoir passé ses cinq premières années en première ligne en assurant les appels. Face à des témoignages parfois  difficiles à entendre, notamment relatant des actes d’agressions sexuelles, ou bien encore de meurtre, l’anonymat est respecté. Sauf si la personne représente un véritable danger pour autrui dans un futur très proche.

Pour la jeune femme, il est évident que les Québécois qui se sentiraient le besoin d’appeler ne doivent pas hésiter. « Tout d’abord, il est très rare que l’on fasse appel à des services de police. On respecte la confidentialité des appelants. Et enfin, il ne faut pas avoir peur. On peut très bien appeler même si on ne se sent pas forcément au plus mal. C’est même mieux car c’est une période où il est beaucoup plus facile de stopper une envie suicidaire, plutôt que lorsqu’on attend le dernier moment ».

 

Le taux au Québec de suicide au Québec occupe la
cinquième place mondiale. Auparavant, le Québec avait le taux de suicide le
plus élevé au monde. | Create infographics