QUÉBEC — Pour la première fois lors d’élections provinciales, les étudiants pourront aller voter dans des bureaux de scrutin situés sur les lieux de leurs études. Cette mesure, qui représente un coût supplémentaire d’environ 2.6 millions de dollars, vise essentiellement à inciter un plus grand nombre de jeunes à se prévaloir de leur droit de vote. Elle est appuyée par une campagne publicitaire directement destinée à cette catégorie d’électeurs.

Selon Denis Dion, porte-parole au bureau du directeur général des élections du Québec : « Plus on vote jeune, plus on garde cette habitude à vie. Si on réussit à les convaincre de le faire une fois, la probabilité c’est qu’ils continuent à le faire toujours ». 

En effet, au Québec les jeunes sont les moins bien représentés même si en 2012 ils sont allés massivement voter (62 % contre 38 % en 2008). 

«L’objectif est de leur permettre une plus grande accessibilité au vote. Avec la mise en place de ces bureaux sur le campus il n’y a aucune raison qu’ils n’aillent pas voter», affirme Thierry Morel-Laforce, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). 

Ainsi des bureaux de vote seront installés dans près de 180 établissements et profiteront à 400 000 étudiants qui voteront par anticipation le 28 mars, le 1er, 2 et 3 avril sur leur lieu d’études. 

Les étudiants ne pourront pas voter pour un candidat de n’importe quelle circonscription. Un jeune originaire de Rimouski qui étudie à l’Université Laval élira un candidat de sa circonscription et non celle de Québec. « L’effet de concentration de masse pour une circonscription ne fonctionne pas. L’étudiant se présente à l’université Laval et aura accès à la liste électorale de sa circonscription », souligne M. Dion.  

Des avis mitigés

Pour François Gélineau, professeur de science politique à l’Université Laval, la mise en place de ces bureaux de vote au sein des établissements d’enseignement est surtout très pratique mais insuffisante pour inciter les jeunes à aller voter. « Si on regarde la campagne à ce jour, il me semble qu’il y a trop peu d’enjeux qui allument les jeunes. J’ai l’impression que pour eux l’Assemblée Nationale est bien loin ». 

Outre le manque d’intérêt, le problème majeur reste qu’on ne cible pas la bonne catégorie de jeunes. « Ce sont les personnes déscolarisées qui participent peu lors des élections et non les étudiants qui votent déjà beaucoup plus. Mettre en place des urnes à l’université aura un effet positif mais modéré », nuance M. Gélineau. 

Principaux intéressés, les étudiants sont eux aussi mitigés quant à ces nouveaux bureaux de vote.

Une incertitude partagée par le DGEQ : « Rapprocher le vote ne signifie pas automatiquement que les électeurs vont exercer leur droit civique. Sur le plan logistique il n’y a plus d’obstacles mais on ne sait pas si cela va les inciter à voter », relève Denis Dion, le porte-parole. « On a appris au DGE à faire preuve d’un optimisme modéré quand il est question de taux de participation », ajoute-t-il. 

Des mesures complémentaires

Les associations étudiantes continuent de se mobiliser pour sensibiliser les étudiants au vote. Du côté de la CADEUL, en plus de mettre en place des affiches indiquant comment et où voter, un débat des candidats de la région de Québec sera organisé le 31 mars. « On veut montrer aux étudiants l’impact qu’ils peuvent avoir dans une campagne électorale comme celle qui s’en vient », déclare Guy-Aume Descôteaux, président de la CADEUL. 

La FEUQ, a quant à elle, décidé de lancer une tournée de campagne électorale en se déplaçant dans les différents établissements afin d’inciter à se rendre aux urnes.