Après avoir été supprimés en 2011, les cours d’éducation sexuelle pourraient faire leur grand retour dans l’enseignement secondaire. Pour autant et même si on peut croire qu’aujourd’hui et en partie grâce à Internet, les adolescents en savent parfois beaucoup plus sur le sujet par rapport à leur âge, la réalité se présente de façon beaucoup plus nuançée. Aussi l’Exemplaire a voulu connaître leur attentes vis-à-vis ces cours.

"En moyenne, un jeune voit sa première image pornographique entre neuf et onze ans.” Tel est le constat fait par Geneviève Marier, sexologue québécoise. Si le chiffre peut choquer, elle tient tout de même à le relativiser. “ L’âge moyen du premier rapport est toujours compris entre 16 et 17 ans.”. Et même si en 2009, le Conseil du Statut de la femme a déjà défini l’âge du premier rapport à quatorze ans et demi, tout est une question de perception. En effet, plusieurs interprétations sont possibles selon ce qu’on entend par premier rapport, « s’il y a pénétration ou non. »

Ainsi, malgré la large diffusion et l’accès simplifié aux informations que permet Internet, les adolescents ne seraient pas aussi précoces que l’image véhiculée par les médias. Cela fait dix ans que Geneviève Marier se rend dans des écoles secondaires privées et elle le voit. « Les jeunes sont assez réceptifs à nos interventions. Pour eux c’est un sujet sérieux. » Mais s’il y a bien une notion à prendre en compte pour parler de sexualité avec les jeunes c’est la formation du personnel ainsi que l’aisance du professeur. « Si un enseignant est mal à l’aise pour parler de sexualité, cela risque d’entretenir le tabou. » Et de rappeler qu’au Québec, « il existe des milliers de sexologues formés et prêts à donner ces cours. »

Adapter selon l’âge

Les classes de secondaires rassemblant des élèves âgés de onze à dix-sept ans, les thèmes abordés ne sont pas les mêmes. Pour les plus jeunes, l’accent sera mis sur les transformations corporelles liées à la puberté ou encore la différence entre l’amitié et l’amour. A partir de quinze ans, d’autres thèmes plus crus, peuvent être abordés et cela tourne souvent autour de la notion de plaisir et des pratiques sexuelles. « On ne va pas forcément parler de fellation ou de masturbation avec des adolescents voire même des pré-adolescents de onze ans », explique la sexologue.

Et pourtant, ce serait un sujet qui intéresserait ces trois jeunes que nous avons rencontré. Ecoutez leur témoignage :

Pourtant c’est un sujet que les adolescents semblent avoir du mal à aborder avec leurs parents. Et inversement. «  C’est vrai que je ne me suis jamais assis avec mon fils pour parler de sexualité, témoigne Marc Beaudet, père de l’un des trois garçons. Mais, parfois je lui lance des perches, comme lorsqu’on regarde un film ensemble et qu’il y a des scènes osées. Je lui explique que ces personnes ne sont pas amoureuses et qu’elles cherchent juste du bon temps. »

Un changement de programme

S’adapter à l’âge n’est pas le seul défi des sexologues actuellement. Ces derniers doivent maintenant prendre en compte les nouveaux enjeux de la sexualité, en particulier ceux liés à Internet. « La pornographie diffusée sur Internet risque de banaliser la violence dans le rapport sexuel, détaille Geneviève Marier. Il est important pour nous de développer la notion de consentement. » Pour cela, elle compte analyser des vidéoclips avec les élèves. «  On ne fait pas souvent attention aux paroles, mais elles peuvent être très révélatrices. ».

Par ailleurs, la sexologue note plusieurs paradoxes. « Les cours d’éducation sexuelle ont été supprimés en 2001. Or, c’est à ce moment-là qu’Internet a commencé à se démocratiser auprès de la population. De plus, sur le plan des maladies sexuellement transmissibles, nous avons été plusieurs à constater qu’il y avait eu une hausse des infections sexuellement transmissibles à partir de cette date. »

Parfois, sans que cela ne la choque, elle reste surprise des interrogations des jeunes. « Il arrive que des jeunes de quatorze ans me demandent comment faire jouir une femme. » Quelques fois cela vient aussi des plus jeunes, comme elle l’explique en vidéo :