Québec- De nombreux commerces et évènements de Québec semblent s’inspirer d’un esthétisme rétro. On voit réapparaitre un intérêt pour le kitsch, les arcades, le rockabilly, le burlesque. Cet engouement s’explique-t-il par un élan de nostalgie ou au contraire est-il bonifié par une réactualisation des modes de divertissement?

L’ouverture récente du restaurant L’autre Cuisine sur la rue Myrand, petit frère de La Cuisine qui a pignon sur rue dans St-Roch depuis 2006, confirme que le charme des évènements et des lieux à saveur rétro opère toujours. Repas réconfortant et décor chargé d’objets issus de la deuxième moitié du 20e siècle invitent dans l’un comme dans l’autre à une forme de  nostalgie.

Légèreté et divertissement d’après-guerre

Le rockabilly, style musical populaire dans les années 1950 et dont on compte parmi les figures de proue Carl Perkins, Johnny Cash et, bien sûr, Elvis Presley, rejoint de plus en plus de gens à Québec. Au noyau dur de fanatiques se rassemblant à chaque événement depuis des années, voire des décennies, s’ajoutent de nouveaux convertis de spectacle en spectacle.

La demande récente ayant possiblement été gonflée par un effet de mode, la scène rockabilly, phénomène de niche, devra donc travailler à sa subsistance avant de penser en termes de croissance. C’est du moins la conclusion de David Rochette, fondateur en janvier 2014 de Quebec City Rockabilly, projet veillant à la promotion de la culture rockabilly et à l’organisation de spectacles et autres événements thématiques. L’argent autrefois utilisé pour se rendre dans des villes comme Montréal, Toronto ou Boston, où la scène est mieux organisée, lui paraissait mieux investi dans sa ville, afin d’augmenter l’offre et de rassembler les gens autour de son style musical fétiche. Plusieurs éléments pourraient expliquer le succès de son initiative.

Le plus gros projet à venir pour David Rochette et Quebec City Rockabilly consiste en l’organisation de la deuxième édition du Rockabilly Burnout, festival de trois jours regroupant musique, car shows (exposition de voitures d’époque), burlesques, tatoueurs, exposants, qui aura lieu cet été (3 au 5 juillet) à la Baie de Beauport. Environ mille personnes ont assisté à l’édition 2014, dans un endroit plus restreint du quartier Val-Bélair.

À l’ère du néo-burlesque

Scène d’un spectacle de Burlestacular Crédit: Frank Lam photographyAutre projet d’envergure misant sur une esthétique rétro dans la ville de Québec : Burlestacular, cabaret burlesque présenté depuis 2011 sous la forme d’un spectacle à grand déploiement, mélangeant effeuillage, humour et musique. La formule annuelle du spectacle, regroupant les prestations de divers artistes locaux en une seule représentation autour d’un thème servant de structure narrative, obtient beaucoup de succès. L’Impérial, salle de spectacle située dans le quartier St-Roch, en est l’hôte depuis quelques années, affichant souvent complet. « Les gens aiment ça et ça attire tout le monde : les femmes, principalement, les hommes aussi. C’est un des derniers retranchements du divertissement qui rend un peu le côté festif qu’on retrouve moins sur la scène actuellement », affirme la fondatrice et directrice artistique du projet Cristina Moscini.

L’aspect référentiel des spectacles-évènements de Burlestacular, par rapport à la culture des cabarets de la première moitié du vingtième siècle, à la clientèle principalement masculine, trouve pourtant ses limites dans une certaine modernité. Le regain d’intérêt à l’échelle internationale pour le burlesque, évident depuis une quinzaine d’années, a engendré une nouvelle dénomination pour la discipline : le néo-burlesque, sorte de témoin de changements artistiques et sociaux autour des troupes le pratiquant. Cristina Moscini explique que la nuance tient entre autres à l’indépendance et à l’implication des artistes-effeuilleuses se mettant en scène : « La majorité des artistes burlesques se produisent elles-mêmes, elles ne font plus partie d’une troupe avec un producteur véreux dans un cabaret sombre. » Sans être un manifeste féministe, le spectacle de burlesque moderne actualise les anciens codes en donnant la parole aux artistes.