Université Laval- Selon la députée néo-démocrate porte-parole en matière de développement international, Mme Hélène Laverdière, le gouvernement canadien est un cancre en matière de développement international en comparaison avec les autres pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).

Lors d’une conférence donnée au pavillon Kruger hier, Mme Laverdière a affirmé que le gouvernement conservateur avait réduit de 5,7% le budget alloué au développement international.  Selon la députée néo-démocrate, cela s’inscrit en contradiction avec les autres pays de l’OCDE qui ne cessent d’octroyer davantage de subventions au développement international. 

Mme Laverdière fait aussi état des coupures qui se font «par la porte d’en arrière».  Elle explique que le ministre du Développement international, M. Christian Paradis, ne dépense pas la totalité de l’enveloppe budgétaire qui lui est alloué, et ce, même si plusieurs projets méritant un financement de la part du gouvernement lui sont présentés.  Les sommes sont alors détournées à d’autres fins.

À l’heure actuelle, le Canada ne consacre que 0,2% de son revenu national brut (RNB) au secteur du développement international, selon la députée néo-démocrate.  Elle rappelle toutefois que l’ONU juge que les pays développés du globe devraient consacrer 0,7% de leur RNB au développement international. 

Bien que le Canada se relève de la crise économique de 2008, Mme Laverdière estime que le gouvernement Harper peut et doit en faire plus. À cet égard, elle cite le Royaume-Uni à titre d’exemple.  En effet, le Royaume-Uni, aux prises avec une situation économique difficile, consacre tout de même 0,56% de son RNB au développement international.  

«Avant, le Canada était un joueur qui participait à l’action.  Avec l’ère conservatrice, le Canda est devenu un spectateur assis dans les gradins.  Aujourd’hui, le Canada ne regarde même plus la partie», explique la députée néo-démocrate.

Le Canada sait-il ce qu’est le développement international?

Aux yeux de Mme Laverdière, la réponse est fort simple : non.  Elle affirme que le ministre Paradis s’est «donné le rôle d’ouvrir les marchés étrangers aux entreprises canadiennes».  Toutefois, elle rappelle que c’est davantage la mission du ministre du Commerce international. 

La députée ajoute que le gouvernement met principalement l’accent sur les entreprises privées canadiennes, en l’occurrence, les minières.  Selon elle, le gouvernement encourage ces entreprises à s’implanter dans des pays en voie de développement en croyant venir en aide aux communautés défavorisées.

Le ministre Paradis a d’ailleurs accordé une entrevue à La Presse Canadienne à ce sujet.  Parue dans le Devoir, l’entrevue confirme les dires de Mme Laverdière.  En effet, M. Paradis a réitéré l’engagement du gouvernement conservateur à impliquer davantage le secteur privé dans sa stratégie de développement international.    

L’argument majeur du gouvernement est simple : «cela va créer de la richesse en offrant des emplois aux citoyens», explique Mme Laverdière. Selon elle, cela relève de «la pensée magique», car il n’y a aucune garantie que les richesses créées resteront dans ces pays au lieu de se retrouver dans des paradis fiscaux. 

La députée néo-démocrate croit que le gouvernement devrait investir davantage dans des petites entreprises locales qui pourront ainsi assurer un développement économique soutenu dans ces régions du globe.

L’avenir du développement international canadien

Le doyen de la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, M. Jean-Claude Dufour, qui était présent à la conférence, juge que le développement international ne peut point se développer sur la base d’une élection, car la vision d’un gouvernement,  en ce qui a trait à ce secteur, ne peut pas se développer concrètement dans le courant d’un seul mandat. M. Dufour croit plutôt à une vision à long terme.

Mme Laverdière est également de cet avis et ajoute que le gouvernement actuel n’a aucune vision en matière de développement international.  «On a souvent des politiques à courte vue. Ce que le Canada fait comme politique étrangère, c’est vraiment pour de la consommation nationale en vue de l’année prochaine», explique Mme Laverdière en référant aux élections de 2015.

La députée néo-démocrate s’est par ailleurs engagée à instaurer des politiques de développement international de longue haleine afin de revenir aux racines canadiennes de coopération et de développement international.  La table est mise pour les élections fédérales de 2015.