QUÉBEC – Alors que les statistiques indiquent une recrudescence des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec, et ce, particulièrement chez les jeunes de 15 à 24 ans, il y a lieu de s’inquiéter. La Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, est l’occasion de parler du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), mais plus particulièrement de sensibiliser la population à l’importance du dépistage.

Les experts profitent donc de cette journée pour inciter l’ensemble de la population qui ne connaît pas son statut sérologique à aller vers le dépistage. La raison est simple : le quart (25%) des personnes atteintes du sida ne connaît pas son statut, et est ainsi beaucoup plus susceptible de propager la maladie. 

«La médication est extrêmement efficace, ce qui fait qu’une personne séropositive qui est sous traitement ne peut pas transmettre le VIH. D’où l’importance de se faire dépister», explique Thérèse Richer, la directrice générale de Miels-Québec, un organisme qui vient en aide aux personnes séropositives à Québec.

Un important travail d’éducation est encore à faire, puisque les experts constatent que plusieurs jeunes sont très mal informés sur le virus. Alors que la population était sensibilisée au sida lors des débuts de l’épidémie, dans les années 1980, le sujet préoccupe de moins en moins de gens, alors que le taux d’infection, lui, n’est pas moins élevé.

D’ailleurs, Thérèse Richer constate qu’il y a une tendance à l’abandon du condom chez les jeunes, une porte grande ouverte à la propagation du VIH, qui se transmet notamment par les rapports sexuels non-protégés. «Les jeunes se protègent moins qu’avant et ne vont pas se faire dépister», s’inquiète la directrice de Miels-Québec.

Informer pour combattre les préjugés

Freiner la propagation du virus par le dépistage est une chose. Mais d’autres progrès restent encore à faire, notamment sur le plan social. «On a encore l’impression que le VIH est pour les travailleurs et travailleuses du sexe, les junkies et les hommes gays», explique Mme Richer.

Pourtant, au Québec, la moitié (50%) des nouveaux cas se trouve parmi la communauté hétérosexuelle, groupe au sein duquel le virus est actuellement en croissance. D’où l’importance de mieux informer les gens afin d’abattre les préjugés, dont les personnes séropositives sont d’ailleurs quotidiennement victimes.

Par exemple, il n’est pas rare que des personnes atteintes du VIH perdent leur emploi, explique la directrice de Miels-Québec. Par crainte de transmission ou encore par refus de payer plus cher les assurances-médicaments, certains patrons montrent la porte aux travailleurs séropositifs, s’attriste-t-elle.

«Quand les gens ne savent pas exactement comment ça se transmet, ils ont des craintes complètement folles», poursuit Mme Richer. Augmenter les connaissances de la population sur la maladie est donc indispensable afin de permettre aux gens vivant avec le sida d’espérer vivre le plus normalement possible.