Québec —Malgré la nouvelle règlementation adoptée par la ville de Québec en juillet dernier afin de mieux encadrer les nouvelles constructions immobilières dans le quartier de Sillery, la grogne se fait toujours sentir auprès de plusieurs résidents. Ceux-ci n’aiment pas le nouveau style urbain des maisons nouvellement construites qui selon eux ne cadre pas bien avec les anciennes et déplorent la coupe d’arbre excessive afin de faciliter la construction de ces nouveaux domiciles.

Monsieur Raymond Gagnon, rencontré sur le chemin Gomin dans le quartier de Sillery, est furieux. En face de son domicile se construit un énorme jumelé qui selon lui ne cadre pas du tout avec le style de maison de la rue. « Ces nouvelles maisons sont issues d’un style californien. Ce ne sont pas des créations québécoises et ça parait. Les matériaux utilisés ainsi que la hauteur du bâtiment ne vont pas avec le reste du décor. » Sa femme trouve quant à elle dommage que ces bâtiments leur soient imposés sans leur consentement.

Madame Marte B. Mercier , rencontrée sur la rue Joseph-Rousseau, trouve que ces nouvelles habitations ne cadrent pas dans l’environnement naturel de Sillery et s’inquiète de la multiplication des résidents pour une même rue. « Densifier c’est beau, mais ça va faire plus d’automobiles, plus de gens sur les rues et plus de trafic. » En effet, afin de rentabiliser leurs projets, les promoteurs achètent des maisons ayant un grand terrain, les démolissent et construisent des habitations multiples en remplacement.

Madame Pierrette Vachon-L’Heureux, Vice-présidente du conseil de quartier de Sillery, est pour une densification dans son quartier, mais à la condition que celle-ci soit intéressante. « Les nouveaux venus choisissent tous le même modèle qui s’intègre difficilement par leur grosseur carrée et leur hauteur. Les anciennes maisons se retrouvent donc écrasées par le nouveau style qui occupe l’ensemble du terrain.

Concernant le nouveau règlement émis par la ville, madame Vachon-L’Heureux trouve que « la ville n’a rien réglé, que les résidents se retrouvent toujours face aux problèmes et que pendant ce temps les promoteurs continuent de construire de nouvelles habitations ce qui entraine le mécontentement des résidents. » Le problème est devenu assez important pour que des résidents habitués du quartier décident de partir afin de ne plus être contraints. La densification encourage donc des gens à déménager ce qui invite des promoteurs à acheter davantage et à perpétuer le problème. Seulement par la compagnie immobilière Remax, on retrouve 105 maisons à vendre dans le quartier de Sillery.

Un chef d’entreprise en construction rencontré sur l’avenue Joseph-Vézina est d’accord avec le fait que certaines propriétés qu’il qualifie de futuristes ne s’harmonisent pas bien avec le reste des maisons, mais qu’il répond à la demande des clients qui ont un intérêt pour ce genre de propriété et que c’est à la ville de faire le nécessaire afin que les choses changent.

La densification de Sillery amène un autre problème selon l’organisme Québec-arbre.  Les promoteurs rasent les arbres centenaires situés sur les terrains afin de construire des propriétés. Madame Johanne Elsener déplore cette façon de faire puisque ces arbres d’âges mûrs sont essentiels à la santé publique. En effet, ils contribuent à dépolluer l’air ce qui est très important pour ceux qui souffrent de maux respiratoires.

Le fait que les promoteurs promettent de replanter des arbres n’est pas une solution valable aux yeux de madame Elsener puisqu’un arbre mature est capable de capter beaucoup plus de polluant atmosphérique. Cinquante jeunes arbres équivalent à un mature. Il faudrait donc replanter cinquante arbres pour remplacer l’arbre centenaire qu’ils ont coupé.

Rappelons qu’à la demande de nombreux résidents, la ville de Québec avait adopté de nouvelles règlementations en juillet dernier. Les promoteurs devront désormais respecter l’alignement d’un nouveau bâtiment et la hauteur du rez-de-chaussée par rapport aux autres maisons, ils devront utiliser des matériaux semblables et devront préserver autant que possible les arbres déjà en place.