L’accord sur le climat qu’ont signé la Chine et les États-Unis change considérablement les règles du jeu, selon le directeur climat-énergie de l’Association Québécoise de la Lutte contre la Pollution Atmosphérique (AQLPA), M. Alain Brunel.  Il estime que cet accord vient ébranler le statu quo dans le dossier des changements climatiques et qu’il forcera les autres joueurs à bouger, notamment le Canada.  

La semaine dernière, la Chine et les États-Unis ont annoncé leurs intentions de lutter conjointement contre les changements climatiques en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). 

Radio-Canada a appris que les États-Unis se sont notamment engagés à réduire de 26% leurs émissions par rapport à leur niveau de 2005.  La Chine, quant à elle, s’engage à les réduire après 2030 tout en investissant massivement dans les énergies renouvelables. 

Comme la Chine et les États-Unis sont les deux plus grands émetteurs de GES, les autres nations du globe, notamment le Canada, attendaient que ces deux géants posent des gestes concrets avant qu’eux-mêmes n’adoptent des mesures à cette fin, explique M. Brunel lors d’une entrevue accordée à l’Exemplaire.   

«Ça a toujours été la position du Gouvernement Harper», affirme M. Brunel. « [Selon le gouvernement] ça ne sert à rien qu’on en fasse plus que les plus gros pollueurs, car on émet seulement 2% des émissions de GES de la planète.  Donc même si on fait quelque chose chez nous et que les autres ne font rien, ça ne changera pas grand- chose», avance M. Brunel. 

Le directeur climat-énergie estime toutefois que cet accord constitue un premier pas important dans la lutte contre les changements climatiques, car il permet de «dégeler les positions».  Il croit également que cet accord fournira l’impulsion nécessaire aux pays plus passifs sur la question afin qu’ils s’investissent activement dans ce dossier. 

M. Brunel rappelle cependant que l’ensemble des pays du globe devra mettre sur la  table leur plan de réduction de GES dès la fin du premier trimestre de 2015.  À ce sujet, l’AQLPA remarque que le Gouvernement Harper est pris de court. 

Le Canada doit refaire ses devoirs et mettre sur pied un plan de réduction ambitieux, indique M. Brunel.  Il émet toutefois certaines réserves quant à la mise en place d’un tel plan : «Comment [le gouvernement] fera-t-il, sachant qu’il veut tripler la production de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta?»  M. Brunel y voit là le principal enjeu du gouvernement : comment concilier économie et environnement? 

Énergie renouvelable : une solution pour le long terme

M. Brunel juge qu’il est temps que les gouvernements se dotent de plans à long terme en ce qui a trait à la conversion aux énergies renouvelables.  M. Brunel explique que la quantité d’énergie renouvelable potentielle est tellement importante qu’elle pourrait alimenter toute l’économie mondiale. 

Il est toutefois conscient des investissements que cela implique.  Cependant, il rétorque que la production d’énergie fossile implique, elle aussi, des coûts de production de plus en plus élevés et que les gouvernements pourraient dégager des économies substantielles en délaissant ce type d’énergie.  

Le directeur climat-énergie cite en exemple la Chine. Cette dernière a investi massivement dans les énergies éolienne et solaire à un point tel que leur valeur marchande a chuté de façon considérable.  Ainsi, il est devenu plus économique pour les consommateurs d’opter pour ce type d’énergie par rapport à l’énergie produite par les hydrocarbures. 

«Il y a donc de l’espoir de ce côté-là.  C’est qui me fait dire qu’il faut pousser davantage les énergies renouvelables», affirme M. Brunel.