La chasse est un divertissement qui prend de la vigilance et de la patience. Un bon chasseur traite son gibier avec respect et dignité, ce qui n’est parfois pas évident. Pierre Sylvestre, chasseur aguerri depuis 39 ans, en sait quelque chose, lorsque l’animal qu’il a abattu récemment est allé mourir hors de vue et qu’il a perdu sa proie.

La semaine du 10 octobre dernier, monsieur Sylvestre était loin de se douter qu’un événement allait changer à tout jamais sa perception de la chasse. Un matin, il s’est donc rendu dans la forêt non loin de chez lui en compagnie d’un ami afin d’y pratiquer sa passion. Pour la chasse à l’orignal se pratiquant avec une arbalète, la précision est de mise.

Abrité par sa cache, Pierre attendait le moment propice pour décocher sa flèche. C’est quelques minutes plus tard qu’une grosse bête a fait son apparition et qu’il a pu tenter sa chance dans le flanc de l’animal. « Avec la rapidité de la flèche, on ne sait jamais où exactement elle est allée se loger. On ne sait donc pas si on a atteint l’animal ou non. »

L’orignal, pris de peur, a alors couru et est allé se cacher dans un endroit hors de vue non loin de la cache. Lors de cette journée, Pierre n’a pas réussi à retrouver la bête, et ce, même avec l’aide de son ami ainsi que d’un chien de chasse. Il a finalement abandonné ses recherches. Ce n’est que quelque temps plus tard qu’il a fait la découverte de la carcasse de son gibier qu’il avait tué quelques jours auparavant. « J’ai éclaté en pleurs lorsque j’ai vu l’orignal mort. »

Avec plus ou moins 500 livres de viande qui pourrissaient dans le bois depuis une semaine, l’animal avait donné sa vie inutilement. « C’est le destin qui t’envoie cet animal et qui décide s’il doit mourir ou pas. Ça ne devait pas arriver, quelque chose comme ça. » Un événement comme celui-ci est un risque de la pratique en soi. Monsieur Sylvestre, habité par le chagrin, note qu’un animal de cette envergure aurait pu nourrir cinq familles au courant de la période hivernale.

Le respect de l’animal

Anciennement, la chasse était pratiquée seulement dans l’optique de se nourrir. Les Amérindiens avaient une grande connaissance des animaux et ils étaient sensibles à ces derniers. Étant très connectés avec le monde de la nature, les aborigènes avaient un très grand respect envers le gibier qu’ils abattaient. Ils s’assuraient que le coup soit fatal et direct, sans trop de douleur.

Or, la perception de la pratique de la chasse a changé. Plusieurs la pratiquent dans le but premier du divertissement. Cependant, la raison pour laquelle elle est pratiquée ne change en rien le chasseur en soi. Ayant l’âme d’un vrai chasseur, Pierre Sylvestre est connecté avec celle des animaux. Il sait que cette passion doit toujours être pratiquée avec un lâcher-prise et une humilité envers la proie qui est abattue.