Si les élections municipales de novembre dernier se sont révélées gagnantes pour le maire sortant Régis Labeaume, la question de la pauvreté à Québec ne fait pas encore partie des priorités de son programme. Pourtant, des initiatives existent comme le Café Rencontre, décrit par Simon Fournier, directeur de l’établissement, comme un lieu propice à l’échange et à la solidarité.

Thème peu abordé durant la campagne municipale, la pauvreté à Québec est une réalité souvent propice aux clichés. Si l’on range les personnes en situation d’itinérance dans cette case, la pauvreté reste un phénomène social qui touche aussi bien les travailleurs que les familles. En effet, en visitant les locaux du Café Rencontre, plusieurs services mis à disposition de tous témoignent de cette réalité : soupe populaire, intervention auprès des jeunes, aide aux devoirs, friperie, etc.

Simon Fournier a commencé à travailler en 2003 au Café Rencontre en tant qu’intervenant social et par la suite, en est devenu le directeur général en 2015. Son engagement est dû en partie à un intérêt pour l’être humain.

Mais le déclic est né de sa rencontre avec Michel Godin, un des fondateurs de ce lieu, qui a inspiré son combat social. « C’est pour moi un modèle de courage, explique-t-il. Aucun salaire n’était versé au départ, le but était de sortir les gens de leurs dépendances et pour cela, je le considère comme un héros missionnaire. Ce fut une rencontre décisive pour moi. »

Un lieu créé en 1987 qui mise sur une polyvalence sur tous les plans, ouvert par « des rêveurs, des croyants qui ont décidé de mettre en pratique l’Évangile, pour qu’il ne reste pas un beau discours », raconte Simon Fournier.

Ce dernier pose un regard très critique sur le système de logement à Québec, un cercle vicieux qu’il considère comme « une dureté du cœur » dans lequel les personnes touchées par ce phénomène se laissent entraîner. Selon lui, « la pauvreté est en partie entretenue par certains propriétaires d’appartements qui louent des logements précaires ». Une négligence créant chez les locataires concernés un sentiment de dévalorisation qui se manifeste chez eux par une négligence de leur propre personne, mais aussi de leur lieu de vie.

Une dignité sociale retrouvée

Cette dévalorisation personnelle, Simon Fournier cherche à l’inverser avec le Café Rencontre. Il n’est pas rare de voir la pauvreté toucher des familles à Québec. C’est pour cela qu’un service d’aide aux devoirs permet aux enfants scolarisés de venir étudier au Café Rencontre.

Autre service proposé au sein du café, un accès à une friperie où les vêtements pour hommes, femmes et également pour les enfants sont proposés à des prix dérisoires. « La friperie permet à ces personnes de ressortir vêtues de dignité. Ces personnes doivent se sentir aimées et respectées », explique-t-il, en montrant le local de la friperie, rangé et décoré avec soin.

Financé entre autres par des subventions municipales, le café emploie actuellement huit employés à temps plein comme intervenants sociaux, ainsi que des bénévoles réguliers pour servir les repas. « Être un professionnel n’est pas une obligation pour venir donner un coup de main, ses faiblesses personnelles permettent un sens de l’écoute plus authentique et facilite la rencontre entre deux personnes égales », assure Simon Fournier.

Si ce café semble désormais appartenir au paysage du quartier Saint-Roch, la relève représente un défi pour son directeur. « Beaucoup de jeunes viennent ici faire des stages et on essaye de leur donner le goût d’une vocation, mais pour embarquer dans l’aventure, il faut déjà avoir une conviction personnelle », explique t-il. Car comme le dit Simon Fournier, personne n’est obligé de côtoyer la pauvreté à Québec à l’heure actuelle.

Sensibiliser les habitants de Québec à ce phénomène de pauvreté n’est pas si simple, mais des événements comme la Nuit des sans-abri permettent de rendre visible ce phénomène de société. (Crédit Photo : Louise Pillais)

 

Les enfants sont également concernés par la pauvreté, une réalité qui touche de plus en plus de familles à Québec. (Crédit Photo : Louise Pillais)