À la veille d’élire un nouveau chef à la tête du Parti Québécois, un groupe inattendu, «Anglophones pour un Québec indépendant », vient de voir le jour. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le projet indépendantiste des francophones est « sinon renouvelé, voire en mutation ! », explique Sébastien Verret, diplômé en Science politique de l’Université Laval. Le 23 septembre 2016, aux bureaux de la Société St-Jean-Baptiste à Montréal, la professeure et auteure Jennifer Drouin annonçait en effet, en grande primeur, le coup d’envoi de ce nouveau groupe indépendantiste… anglophone.

Avec déjà une quarantaine de membres à son actif, le groupe « Anglophones pour un Québec indépendant » (AQI) considère l’indépendance du Québec comme une option « logique et légitime » qui bénéficiera à tous. Sébastien Verret, également détenteur d’un certificat en Économie de l’Université Laval, trouve très intéressant la création de ce nouveau groupe et les répercussions qu’il aura sur la suite de la quête à l’indépendance du Québec. Une belle surprise, dit-il, puisque « [les Anglais] ont été une raison de faire l’indépendance, un peu comme si, historiquement, l’affirmation du Québec comme nation devait passer par une opposition aux Anglais ».

Le groupe « Anglophones pour un Québec indépendant » n’étant associé à aucune formation politique, il accueille tous les souverainistes anglophones du Québec à faire partie de sa communauté. Un intérêt commun guide les membres de l’AQI : préserver la culture québécoise tout en s’intéressant aux autres aspects essentiels de notre société. « Le projet indépendantiste peut exister pour des raisons économiques, écologiques, sociales, etc., et non seulement pour des raisons culturelles et linguistiques », fait ressortir Verret.

Selon lui, les bénéfices que les anglophones tirent de cette nouvelle association ne sont pas exclusifs aux anglophones, mais plutôt partagés avec les francophones. « La création de ce mouvement démontre qu’il y a une volonté d’arrêter de voir le Québec comme un pays divisé entre anglophones et francophones. Les bénéfices vont donc de part et d’autre [aux anglophones et aux francophones] », développe l’expert en sciences politiques. Par contre, pour les Québécois anglophones qui ne sont pas partisans du Parti libéral du Québec, Verret estime que l’AQI va « peut-être [amener certains d’entre eux] à se trouver une place au sein des partis indépendantistes ou nationalistes du Québec ».

Nouveau chef

Si l’AQI a bien vu le jour, rien n’assure que les anglophones pour l’indépendance vont aller voter dans la course à la chefferie du Parti Québécois. « D’ailleurs, ils ne s’associent pas nécessairement à un parti en particulier jusqu’ici, explique Sébastien Verret. […] C’est plutôt les candidats qui vont se jeter les uns après les autres pour obtenir l’appui de ce nouveau groupe, ça donne une certaine crédibilité ».