QUÉBEC – Bien qu’au courant des effets négatifs que la consommation de boissons énergisantes peut causer à la santé d’un individu, le gouvernement provincial tarde à imposer une taxe sur ces produits comme il le fait pour le tabac et l’alcool.

L’Exemplaire est allé questionner à ce sujet la Coalition Avenir Québec (CAQ) qui a été un promoteur d’une intervention gouvernementale pour diminuer la consommation de ce produit dangereux. Éric Caire, porte-parole du parti en matière de santé, explique les hésitations par des questionnements sur la réelle nécessité de taxer ces produits.

Le député de La Peltrie reconnaît que l’une des inquiétudes à laquelle les élus font face à l’heure actuelle est les possibles réactions du public que pourrait entraîner l’adoption d’un projet de loi.

« Si nous voulons taxer ce genre de boissons, c’est en raison de leur haute teneur en sucre et en caféine qui peut être néfaste pour la santé. Toutefois, si nous n’avons que cette raison pour légiférer, ça reviendrait à dire que l’on devrait taxer des produits comme le café et les boissons gazeuses qui eux, ne sont pas aussi dangereux pour l’organisme. Nous devons donc rester à l’intérieur des barrières du raisonnable dans ce projet », précise-t-il.

Pourtant, il réaffirme le désir de la CAQ de légiférer sur ce dossier, non pas pour les profits potentiels qui pourraient être engendrés, mais bien pour passer un message aux jeunes de moins de trente ans comme quoi ces boissons sont dangereuses pour la santé. 75 % des consommateurs de boissons énergétiques qui se situent au sein de ce groupe d’âge.

Des produits de plus en plus vendus

En fait, le nombre de personnes qui en boivent au Québec a pratiquement doublé au cours des trois dernières années, si bien qu’il y a maintenant 29 % des Québécois qui disent consommer une boisson énergisante au moins une fois par semaine, contrairement à 14% en 2011.

Ceux qui sont sortis gagnants de cette situation sont notamment les dépanneurs du Québec qui en ont profité pour faire gonfler leur chiffre d’affaires. Du côté de la chaîne Couche-Tard par exemple, c’est plus de vingt millions de dollars additionnels que l’on est allé chercher à travers le Canada en 2013, selon les chiffres fournis par l’état-major de la multinationale.

« Depuis environ deux ans, les boissons énergisantes se classent parmi nos plus grands vendeurs. En fait, il n’y a que le gaz et les cigarettes qui génèrent plus de revenus », a de son côté avancé Alexandra Tournier, gérante du Couche-Tard situé sur le Boulevard Pierre-Bertrand à Québec.

Loin d’être inoffensives

Nutritionniste et professionnelle de recherche à l’institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), Catherine Laramée explique les dangers auxquels sont exposés les consommateurs de boissons énergisantes :

Il est possible de visionner l’intégralité de l’entrevue réalisée avec Mme Laramée en cliquant ICI.

De son côté, la présidente de l’Association pour la santé publique du Québec(ASPQ), Mme Lilianne Bertrand soutient que l’on doit adopter une loi visant à instaurer une taxation sur les breuvages énergétiques : « Nous devons montrer à la population, dit-elle, que ces boissons ne sont pas inoffensives afin qu’ils soient conscients des risques qu’ils courent en les buvant».

La décision de taxer ou non les boissons énergisantes est une formule que le gouvernement pourrait adopter afin de diminuer la consommation de cette sorte de boissons. Parmi les autres options envisageables, on retrouve l’interdiction de la vente de boissons aux mineurs, ce qui, selon plusieurs, aurait un plus grand impact que la simple taxation.