QUÉBEC — «Saint-Roch est encore très fragile, il faut pas se leurrer», s’exclame Pierre Martin, l’architecte qui a rénové l’édifice de la Fabrique et participé à de nombreux projets de rénovation en Basse-Ville. Pierre Martin n’est pas le seul à s’inquiéter du développement futur de Saint-Roch, Denis Goulet, propriétaire de Denis Musique, constate la multiplication de locaux vides. Chantale Gilbert, conseillère municipale à la ville de Québec se dit préoccupée du manque d’habitations dans le quartier.

Quartier malfamé et délabré au début des années 90, Saint-Roch est aujourd’hui méconnaissable en raison des grands efforts de revitalisation qui y ont été investis. Pour Réjean Lemoine, historien et ancien conseiller municipal de la ville de Québec, si Saint-Roch ne court pas le risque de revenir à son état d’antan, il reste inachevé. Voir l’entrevue :

Des projets clés qui croupissent dans des cartons depuis des années, voilà le problème selon ce passionné de Saint-Roch. « Il faut commencer par refaire le stationnement qui est abandonné depuis un certain nombre d’années, refaire la bibliothèque et refaire ce quadrilatère là, qui est le cœur, vraiment, du quartier », soutient l’historien. Vitalité, mixité et vie de quartier constituent pour lui la recette qui ferait de Saint-Roch un centre-ville florissant. Réjean Lemoine témoigne de son optimisme face à la construction de plusieurs projets résidentiels. En revanche, les projets en hauteur, comme celui de la tour qui devrait s’ériger place Jacques Cartier, le laissent sceptique : « Le problème dans Saint-Roch c’est pas la hauteur, c’est la vitalité, parce que la hauteur n’est pas un signe de développement. », explique-t-il.

La place Jacques-Cartier et les différents projets qui s’y rattachent constituent la priorité de la ville de Québec à Saint-Roch, explique Chantal Gilbert. Elle assure que de grands progrès ont été faits en la matière et que la mise en œuvre de ces chantiers devrait se faire sous peu. À l’inverse de M. Lemoine, c’est le logement qui inquiète la conseillère du district des Faubourgs. « Il manque de logements, il manque d’habitations, je trouve que c’est un des drames de Saint-Roch. », s’attriste-t-elle. Les populations susceptibles de s’y installer et de faire vivre les commerces sont du même coup découragées alors qu’elles ne demanderaient pas mieux, selon Mme Gilbert.

Or, pour Mme Gilbert, construire au centre-ville n’est pas chose aisée, car les projets de grande ampleur se heurtent régulièrement au refus citoyen lors de référendums. Si elle comprend les craintes citoyennes, Chantal Gilbert pense que ces rejets constituent un frein majeur au développement. « Certains citoyens, avant même d’avoir vu le projet, s’y opposent. », s’alarme-t-elle. « Je pense que les arguments de peur sont réels, je ne veux pas les minimiser, sauf que je me demande si nous, entre autres, on a bien fait notre travail, si on a bien expliqué l’importance de densifier ».

Réflexe du « pas dans ma cour », mauvaise communication ou méfiance envers la Ville, l’opposition citoyenne est un problème pour la conseillère qui reconnaît que ce phénomène pourrait bien décourager les promoteurs de proposer des projets ambitieux au centre-ville.

Comme ailleurs, le potentiel de croissance urbaine n’est pas illimité à Québec. C’est au travers du prochain schéma d’agglomération, sur lequel planchent la Ville et ses partenaires, que prendront forme les principales mesures d’allocation de la croissance attendue.