Zeneb Blanchet est restée inébranlable devant un public particulièrement désintéressé (crédit photo : Flavie Durette)

La pièce, abordant des thèmes comme l’amitié, la vengeance et l’orientation sexuelle, met en scène la comédienne Zeneb Blanchet dans un monologue d’une durée de 57 minutes. Ce format s’est plutôt mal prêté aux plages horaires disponibles à l’École secondaire de Matane.

En effet, les horaires de cours des élèves prévoient trois périodes d’une heure en avant-midi et deux autres en après-midi. Les élèves ont assisté à la première représentation durant leur dernier cours du matin. Lorsque la cloche annonçant le dîner a retenti, les jeunes sont demeurés en place durant quelques minutes avant d’applaudir la comédienne et de se lever pour quitter alors qu’il lui restait quelques répliques à prononcer.

Dans l’auditorium, les enseignants s’échangeaient des regards, complètement surpris par la situation. Plusieurs mentionnaient même s’être sentis impuissants devant les 200 jeunes qui n’avaient plus aucun intérêt pour la pièce.

Contacté après la représentation, monsieur Yann Bond, technicien en loisirs à l’École secondaire de Matane depuis de nombreuses années, affirme n’avoir jamais rien vu de tel. « C’est une situation extrêmement incontrôlable. Avec une comédienne seule sur scène, c’est sûr que c’est un gros dérangement », estime M. Bond.

Toutefois, il avance que l’école n’a pas été mise au courant rapidement de la durée de la pièce. La prise de présence à chaque début de cours étant obligatoire, les enseignants ont dû recevoir leurs élèves dans la salle de cours avant de se déplacer vers l’auditorium. Yann Bond juge que ces actions peuvent prendre environ six minutes, ce qui fait en sorte que présenter une pièce de théâtre de 57 minutes sans dépasser l’heure allouée devient impossible.

« On m’a dit que la meilleure pièce serait celle-là. J’ai suggéré les meilleures périodes, mais je ne connaissais pas le temps de la pièce. Quand on me l’a dit et que j’ai dit qu’on allait manquer de temps, je pensais que la production s’adapterait. », explique M. Bond.
L’équipe de production de la pièce a d’ailleurs refusé d’accorder une entrevue.

Un choix à revoir

Le manque d’intérêt des étudiants laisse planer le doute sur la pertinence de la présentation de spectacles du genre dans un cadre scolaire.

M. Bond explique que c’est pour répondre aux exigences du Centre de services scolaires qu’une œuvre théâtrale est présentée aux élèves chaque année. Le diffuseur de spectacles, Arts et Spectacles Matanie, est alors celui qui fait la sélection.

Pour certains enseignants, les prochaines pièces devront être choisies en pensant davantage aux intérêts des jeunes plutôt qu’au message qu’elles portent afin de ne pas voir le scénario se répéter.

Reste que la deuxième représentation de la pièce, faite devant des jeunes de 15 à 17 ans, s’est déroulée sans anicroche.