Alors que le sujet de l’immigration était au centre des débats pendant la campagne électorale, les résultats de cette élection changeront la donne en Amérique du Nord. Plus spécifiquement la frontière canado-étatsunienne pourrait être particulièrement affectée et ce, dans les deux sens de migration.

 Les autorités américaines ont arrêté, depuis le début de l’année, dix fois plus de migrants clandestins en provenance du Canada qu’il y a deux ans. Une nouvelle route de passage s’est formée entre les deux pays. Les migrants passent alors par un champ une fois la nuit tombée, vers 19h-20h. Beaucoup de ces personnes sont originaires d’Amérique centrale et du sud. On retrouve également une grande communauté venant des Indes. Ils atterrissent à Montréal et passent la frontière à pied pour rejoindre Plattsburgh. Cette ville de l’État de New York sert de point de rencontre où des taxis clandestins viennent prendre en charge les migrants fraîchement arrivés, afin de les amener plus au sud.

Fuir les États-Unis

 Les statistiques de recherche Google sur le déménagement d’Américains vers le Canada ont augmenté après le premier débat électoral en juin dernier. Les demandes d’obtention de la citoyenneté canadienne en provenance d’Américains ont augmenté de 60 % durant le dernier mandat de Donald Trump. On peut donc s’attendre à voir une augmentation de l’intérêt américain pour la vie au Canada.

Différentes raisons pourraient pousser des Américains d’origine à choisir le Canada comme nouvelle demeure. Le parti de Donald Trump, avec ses politiques considérées comme plus conservatrices, inquiète plusieurs Américains, notamment en lien avec les droits des personnes LGBTQ+ et le port d’arme.

Donald Trump a promis la plus « grande déportation de l’histoire » en ciblant les 11 millions de migrants sans papiers qui « empoisonnent le sang » des États-Unis, rapportait La Presse. C’est pourquoi, la réélection de Donald Trump risque de provoquer un afflux de migrants. Ceux-ci seraient tentés de traverser la frontière canadienne, alors qu’Ottawa cherche à réduire l’immigration temporaire sur son sol. Plutôt que de risquer un retour dans leur pays d’origine qu’ils ont souvent fui pour assurer leur sécurité, ces migrants pourraient jeter leur dévolu sur le Canada.

La question des étudiants

 Les élections américaines pourraient aussi avoir des impacts notables pour les étudiants internationaux, notamment ceux qui transitent par le Québec dans l’espoir de poursuivre des études aux États-Unis ou d’obtenir un emploi dans ce pays après leurs études.

Sous un second mandat Trump, les politiques migratoires plus restrictives pourraient rendre l’accès aux visas étudiants et aux permis de travail plus complexe pour les étudiants internationaux, y compris ceux basés au Québec. Les mesures déjà renforcées sur les visas de travail pour les étudiants étrangers risquent de se poursuivre, créant de l’incertitude pour ceux qui espèrent aller aux États-Unis après leurs cursus. Les universités québécoises pourraient également voir une augmentation des demandes d’inscriptions étudiantes. En effet, ces derniers se résigneraient ou se verraient recevoir un refus de leur demande en raison de ces restrictions. Cela pourrait exercer une pression supplémentaire sur le système éducatif québécois et l’économie locale.

À l’inverse, si Kamala Harris est élue, une approche plus inclusive en matière d’immigration pourrait rendre les États-Unis de nouveau accessible pour les étudiants internationaux. Les jeunes qui envisagent de poursuivre leurs études aux États-Unis depuis le Québec pourraient trouver des procédures de visas moins rigides et davantage de possibilités pour obtenir un emploi post-diplôme.

Dans les deux cas, les décisions de politique migratoire auront des répercussions importantes sur la liberté des étudiants et sur la collaboration académique entre les deux pays.