En cette période de dégel et de fonte de la neige, une quantité importante d’eau provenant des routes se retrouve dans le système de récolte des eaux de pluie et puis dans les cours d’eau de la région. Avec cette eau, vient aussi le sel de déglaçage. Réputé comme étant un facteur de vieillissement des cours d’eau, le sel de déglaçage pourrait poser un risque pour les cours d’eau qui alimentent Québec

 

 

Le sel de déglaçage, un obstacle à la bonne santé des prises d’eau

Si la ville de Québec peut compter sur plusieurs sources d’eau potable sur son territoire, Geneviève Pelletier, professeure en génie des eaux explique que la qualité de l’eau varie tout de même d’une source à l’autre: «La qualité de l’eau diffère beaucoup, surtout entre ce qui est puisé dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Charles. Chaque cours d’eau doit être traité de manière différente avant d’acheminer cette eau dans les conduits d’eau potable. Le travail qui est fait à l’usine de Sainte-Foy ne sera pas le même qu’à l’usine de Charlesbourg» rappelle-t-elle.

Les camions de déneigement dispersent des quantités importantes de sels de voirie pour rendre les routes sécuritaires en hiver.
Crédit photo: Francis Beaudry

Toujours selon Geneviève Pelletier, ce n’est pas juste par les conduites d’écoulement d’eau pluviale que le sel de déglaçage se retrouve dans les cours d’eau. Si le ruissellement de l’eau salée va accélérer l’arrivée et l’accumulation de sel dans les cours d’eau, ce n’est pas le seul vecteur de propagation du sel. «L’eau salée qui va se retrouver dans un sol plus perméable va aller atteindre la nappe phréatique, cette eau va finalement elle aussi se rendre vers les cours d’eau, mais son action sera beaucoup plus lente puisque ça peut prendre des mois avant que la nappe phréatique n’aille rejoindre le cours d’eau», explique-t-elle.

Le phénomène de ruissellement de l’eau, mentionné par les experts comme Geneviève Pelletier, est un facteur important de contamination des nappes phréatiques et des cours d’eau par le sel. Ce phénomène qui contribue aussi à l’érosion et à la dispersion d’autres polluants et expliqué dans l’infographie suivante

Si la situation de l’eau potable à Québec peut être menacée à long terme par les sels de déglaçage et par d’autres polluants organiques, Geneviève Pelletier explique que la situation du Québec et de la ville de Québec doivent être mis en perspective: « si on se compare à ailleurs en Amérique du nord, il faut se rappeler que notre situation en eau potable est à envier à beaucoup d’autres endroits, que ce soit en Floride ou en Californie» rassure-t-elle en faisant référence aux très nombreux cours d’eau potable qui se trouvent au Québec.

Le cas du lac St-Charles

Mélanie Deslongchamps dirige l’association de protection de l’environnement du Lac Saint-Charles et des marais du nord (APEL). Cet organisme souhaite apporter un point de vue qui va non seulement aider à préserver le bassin hydrographique de la rivière Saint-Charles, mais aussi de tous les cours d’eau du Québec.

La principale menace du Lac Saint-Charles et donc de la prise d’eau de Québec, selon Mélanie Deslongchamps, reste la présence et l’activation des cyanobactéries dans le lac. Pour son organisme, la présence de cyanobactéries, ces algues microscopiques qui peuvent poser des dangers pour la santé humaine, dépends de facteurs très humains. «C’est avec de la nourriture que ces algues-là peuvent se développer, On parle de l’azote, du phosphore, du potassium qui se retrouvent dans les engrais qui vont sur les pelouses, on parle aussi des résidus d’installations septiques  mal installées», dénonce-t-elle.

 

Avec 1.5 millions de tonnes de sels de voirie qui se retrouvent sur les routes au Québec à chaque hiver, Mélanie Deslongchamps croit que la situation de ce polluant doit être contrôlée. « Il y a de nombreuses alternatives à l’épandage de sels de déglaçage, que ce soit au niveau des technologies d’enlevage de la neige ou bien de l’utilisation d’abrasifs à base de roches fines,» explique-t-elle.

Ce vidéo de cinq minutes produit par l’APEL explique plus en détails le cas des sels de déglaçage et ses effets sur le Lac Saint-Charles

 

Au-delà des avancées techniques, Mélanie Deslongschamps croit que beaucoup des changements qui pourraient contribuer à la réduction de l’épandage de sels de voirie sur les routes peuvent être faits en changeant l’attitude des gens. «Il faut apprendre aux gens à adapter leur conduite en hiver, leur faire comprendre que ça devrait être normal d’aller plus lentement sur nos routes en hiver, de plus, il faudrait favoriser le télétravail dans des journées ou les conditions sont moins propices à la conduite, penser à faire commencer les journées au bureau plus tard pour permettre aux déneigeurs de faire leur travail plus longtemps», réfléchit-t-elle à haute voix.

Selon le ministère des transports du Québec, on étend en moyenne entre 30 et 50 tonnes de sels de voirie  ou de déglaçage sur chaque kilomètre de route du Québec chaque année.

Des infrastructures en mauvais état

Quel est l’effet l’effet de l’eau salée sur les infrastructures publiques de transport d’eau comme les tuyaux, les stations de pompage et les autres systèmes d’irrigation de l’eau,Geneviève Pelletier explique dans le vidéo suivant que le sel n’est pas l’ennemi principal.

Geneviève Pelletier affirme que «ce n’est que le début des problèmes» pour les infrastructures de transport d’eau qui arrivent en fin de vie utile. Selon elle, la technologie a assez évolué pour que les réparations coûtent moins cher aux collectivités. «Avant, on remplaçait les conduites, maintenant on a développé des moyens techniques pour réhabiliter ces conduites, pour faire en sorte que ce ne soit pas nécessaire de creuser pour les remplacer», explique-t-elle.