En adoptant le projet de loi 105 le 23 septembre dernier, Québec a interdit les manifestations en lien avec la Covid-19 à proximité notamment des hôpitaux, des garderies et des écoles. David Poitras est sergent aux communications au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). Selon lui, après plus de 18 mois de pandémie, les corps policiers n’en sont plus à un changement près. 

« La pandémie a transformé notre travail », affirme celui qui était sergent de patrouille au plus fort de la crise. « Nous sommes devenus les appliquants de la Loi sur la santé publique ». Avec la déclaration par décret de l’état d’urgence sanitaire le 13 mars 2020, cette loi a octroyé à M. Poitras et ses collègues des pouvoirs inédits.

Dès le départ, ces pouvoirs ont été accompagnés de la responsabilité d’analyser chaque décret ministériel et d’appliquer convenablement la réglementation pour respecter le cadre légal. « Fermeture X une semaine, interdiction Y mais autorisation Z la semaine suivante ; il fallait être à jour », laisse tomber M. Poitras. Soutenu par les avocats du SPVQ, il se devait de comprendre et de faire comprendre à son équipe les nombreux changements.

Changements qui différaient également au gré des couleurs des « zones » – verte, jaune, orange, rouge – attribuées par la santé publique à chaque région. Chargés de faire appliquer la Loi sur la santé publique, « il fallait qu’on s’adapte rapidement, on n’avait pas le choix. Autrement, c’est toute la structure mise en place qui s’écroulait. »

Pour les groupes marginalisés, également soumis à la réglementation et à ses nombreuses variations, M. Poitras soutient que le SPVQ a misé d’abord et avant tout sur la sensibilisation. En créant « l’Équipe Multi », le Service s’est entre autres assuré de communiquer adéquatement les mesures à la population itinérante du centre-ville de Québec.

Si certaines équipes ont ainsi été créées durant la pandémie, d’autres ont vu leur quotidien complètement transformé. C’est le cas des policiers affectés à la sécurité routière. En temps de confinement, alors qu’était constatée une nette diminution des véhicules sur la route, ils ont été amenés à « donner un coup de main à l’application de la Loi [fédérale] sur la mise en quarantaine ».

Quart de nuit en mode pandémie

Membre de l’équipe de patrouille de nuit jusqu’à tout récemment, Marie-Pier Rivard évoque à la fois l’ennui et la lourdeur de la dernière année et demie. Durant la période du couvre-feu, la ville était « déserte » selon celle qui est désormais relationniste au SPVQ. Certaines nuits, le Service ne recevait aucun appel. « On trouvait le temps excessivement long et ça jouait sur le moral des troupes ».

Lorsque le téléphone sonnait, « les appels qu’on avait étaient de plus en plus lourds ». Scènes de violence conjugale, cas liés à la santé mentale et autres situations exacerbées par la pandémie sont devenus en quelque sorte la « norme » pour les équipes de nuit. « Des changements qui n’ont pas toujours été faciles, lance Mme Rivard. Mais le soleil finissait toujours par se lever. »

 

En tant qu’appliquants de la Loi sur la santé publique, pour éviter que la structure mise en place pour lutter contre la pandémie ne s’écroule, il a fallu aux équipes du SPVQ une grande capacité d’adaptation. (Crédit photo : François R. Pouliot)
Collègue de David Poitras et membre de l’équipe de patrouille de nuit jusqu’à tout récemment, Marie-Pier Rivard, nouvellement relationniste au SPVQ, évoque la dureté des changements perçus sur le terrain durant la dernière année et demie. (Crédit photo : François R. Pouliot)