Avec l’arrivée du printemps, plusieurs personnes choisissent de s’adonner au jardinage. Cette activité a connu de nombreux changements au cours des dernières années. Paul Daoust, fondateur des centres jardins Floralies Jouvence et ancien professeur en sociologie à l’Université Laval, constate que les gens semblent chercher la rapidité et l’instantanéité dans le jardinage et leurs loisirs en général.

Même s’il constate une certaine perte de vitesse du jardinage, M. Daoust ne s’inquiète pas. Il explique que le milieu des loisirs est toujours un terrain de changements et d’évolutions. Selon l’ex-professeur en sociologie, une bonne manière d’évaluer « ce qui est à la mode » est de porter attention aux émissions de télévision et de radio. Il constate qu’en ce moment, la tendance tend vers tout ce concerne la cuisine. « Les gens veulent savoir comment faire des beignes, des tartes, un souper presque parfait, imiter les émissions comme Les Chefs ! », affirme Paul Daoust. Il estime que ce phénomène social relève de l’engouement grandissant des gens vers la cuisine comme activité de loisir.

Les raisons des changements dans les habitudes de loisir des individus sont multiples. Dans le domaine du jardinage et de l’horticulture, le fondateur des centres jardins Floralies Jouvence attribue une certaine baisse de popularité au fait que ce loisir requiert du temps et de l’entretien. Pour plusieurs jeunes travailleurs, le temps consacré au loisir est souvent bref. Plusieurs se tournent vers des options plus instantanées et moins périlleuses. « Les gens veulent du tout fait, du tout cuit », estime Paul Daoust. Selon lui, les générations plus jeunes aiment toujours le jardinage et ont un intérêt envers ce loisir et c’est pourquoi elles optent pour des plantes faciles d’entretien, des plantes artificielles ou font affaire avec des compagnies d’aménagement et d’entretien.

Pour M. Paul Daoust, l’intérêt collectif envers le jardinage « n’est pas au même niveau d’il y a 20 ou 25 ans ». L’entreprise qu’il a fondée il y plus de 30 ans a profité de la vague de popularité du jardinage dans les années 90 afin de s’établir comme référence dans la région de Québec. Même si cette popularité semble s’effriter selon M. Daoust, Floralies Jouvence continue de proposer des nouveautés pour nourrir l’engouement à l’égard du loisir de l’horticulture. La cuisine botanique, le végétarisme, la cuisine légumière sont tous des champs qui permettent de satisfaire la « mode » vers le loisir de la cuisine tout en faisant appel à celui du jardinage. L’entreprise s’efforce d’alimenter ce mouvement, estime le fondateur. Plusieurs projets qui verront le jour grâce à l’investissement de 6 millions de dollars réalisé en 2017 vont s’inscrire dans cette lignée.

La recherche de l’instantanéité

Le jardinage est une activité qui est en plein changement en raison des attentes de la clientèle. Chantal Rioux est une technicienne en horticulture avec plus de 30 ans d’expérience dans ce domaine. Elle s’étonne du fait que les gens se tournent vers les plantes artificielles. Pour justifier cette tendance, elle dit : « Les plantes artificielles sont faciles d’entretien comparé aux plantes vivantes. Il n’a pas d’entretien à faire tandis qu’avec les plantes vivantes elles peuvent mourir si tu ne t’en occupes pas». Mme Rioux souligne que les plantes artificielles sont sûrement plus populaires dans les milieux urbains. Elle explique : « C’est plus un phénomène urbain puisqu’en région il y a un retour vers la nature ». Elle avance qu’en raison de la rapidité de la vie moderne, il est normal que les gens souhaitent un produit qui n’est pas compliqué et qui répond à leurs besoins immédiats.

Une autre cause qui pourrait expliquer ces changements dans le jardinage est le coût. Mme Rioux dit : « Les plantes artificielles ne peuvent mourir comparées à des fleurs annuelles qui doivent être replantées chaque année».En effet, les plantes annuelles doivent être replantées chaque année. Ainsi, même si le coût d’une plante artificielle peut être plus élevé au départ, cela sera probablement avantageux à long terme.

Tout les changements qu’on observe dans le jardinage peuvent s’expliquer par une transformation de ce que les consommateurs recherchent. C’est la conclusion à laquelle en vient une étude de la Banque de développement du Canada. Les nouvelles technologies ont complètement changé notre société. Les milléniaux sont à l’avant-garde de ces transformations, mais les autres générations les suivent. Il s’agit donc d’une nouvelle réalité à laquelle les entreprises devront s’adapter pour survivre.

Le loisir c’est le temps disponible en dehors des devoirs et obligations, le temps de faire confortablement quelque chose. Pour plusieurs Québécois, ce temps est consacré au jardinage et à l’horticulture. Selon l’Enquête québécoise sur les activités physiques, sportives et de loisirs, réalisée par l’Institut de la statistique du Québec en 2006, 54 % des individus de plus de 15 ans font du jardinage au moins une fois par année. De ceux qui se sont consacrés à cette activité, 81 % ont pratiqué ce loisir au moins 10 fois par année.