Dans le cadre du mois de l’histoire des Noirs de Québec, des dizaines d’artistes et d’artisans afro-québécois – mais pas que – se sont réunis les 15 et 16 février au Centre Horizon de Limoilou afin de partager leur passion et leur savoir-faire avec le reste de la ville de Québec. Art textile, pictural, culinaire ou musical : tous les talents se côtoient et partagent un moment de rencontre artistique et interculturelle. L’occasion de faire briller la culture africaine le temps d’un week-end.

Sur des airs de musique nigériane ou congolaise, exposants et public échangent dans une ambiance chaleureuse, dans la vaste salle André Blouin du Centre Horizon. L’événement organisé par le COPAQ (Conseil panafricain de Québec) et Afrorim Production se réunit cette année pour sa troisième édition. Au programme : contes, ateliers de danse, défilés de mode ou encore performances musicales. Avec toujours un objectif principal : la promotion des arts africains quels qu’ils soient. « Beaucoup d’artistes africains n’ont pas la chance de pouvoir présenter leur travail. Leurs œuvres restent souvent chez eux », explique Karim Cissé, directeur d’Afrorim et co-organisateur du Carrefour des arts et marchés africains.

L’événement offre à ces artistes et artisans une certaine visibilité, comme pour Janice et sa sœur Helena, afro-québécoises venues présenter Klaman, une boutique que Janice a ouverte le mois passé. Sur leur étal, on trouve un peu de tout : des boubous faits à la main par des tailleurs ivoiriens aux colliers et bijoux venus d’Éthiopie, en passant par des chemises pour hommes, ornées de pièces en pagne africain.

À quelques mètres de là, Floribert déambule, marionnette à la main, au milieu d’une dizaine d’enfants. Animateur, artiste comédien, conteur, marionnettiste et percussionniste, il est venu tout droit de Montréal afin de partager ses talents. Pour lui, ce week-end représente un « voyage immobile » pendant lequel on découvre autant qu’on fait découvrir. Pendant deux jours, il anime des ateliers de masques africains durant lesquels il apprend aux enfants les différentes fonctions et rôles du masque avant de laisser s’exprimer leur imagination lors de moments de création. Le Carrefour des arts et marchés africains, c’est aussi l’occasion pour lui de faire découvrir les instruments, lors de démonstrations : djembe, balafon, maracasses, ou encore tambour d’eau sont exposés et permettent de faire revisiter les différents sons et rythmes propres au continent africain.

« Tous les visages de l’Afrique »  

Sandra Coffi et Marie D’Almeida, étudiantes montréalaises et co-fondatrices de Maison Oheema, une galerie d’art virtuel qu’elles ont lancée en novembre 2019, ont aussi fait le déplacement afin de présenter les tableaux de deux artistes ivoirien et togolais. « Dans les sociétés modernes africaines, la fibre artistique n’est pas assez encouragée. Les toiles sont vendues à prix dérisoire et les efforts des artistes ne sont pas valorisés », raconte Sandra. L’objectif du concept store : déstigmatiser l’art dans l’imaginaire africain, trop souvent considéré comme un simple hobbie. Et aussi amener les gens à s’intéresser à l’art africain qui, encore aujourd’hui, selon elle, n’a de valeur auprès de la scène internationale que lorsqu’il est détenu par les musées des pays occidentaux.

Sol Zanetti, député Québec solidaire de la circonscription Jean-Lesage et parrain de l’événement, félicite « un moment de rencontre qui permet de créer de vrais liens, à la différence des réseaux sociaux qui peuvent parfois antagoniser les gens. » Une vision que partage d’ailleurs Karim Cissé : « Le Carrefour, c’est aussi un canal où on peut tisser des liens avec d’autres communautés » avec, cette année, des artistes et artisans originaires de Guinée, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, d’Haïti, d’Algérie, mais aussi de Québec et de Montréal. Une célébration de la culture africaine qui, selon Annick Kwetcheu Gamo, porte-parole du mois de l’histoire des Noirs de Québec, « permet de montrer tous les visages de l’Afrique ».