La Maison jaune est le surnom donné par les citoyens de l’Ancienne-Lorette au bâtiment situé au 1350 rue St Jacques. L’endroit est délabré, les fenêtres sont barricadées et le terrain est jonché de décombres. Près de 800 000 dollars seraient nécessaires pour remettre cette maison en état, selon une évaluation commandée par la ville en 2021.

Philippe Millette, directeur du service à l’urbanisme, soutient que l’administration est la première à prendre soin du patrimoine, mais qu’il était déjà trop tard pour la Maison jaune (photo : Magalie Masson / Radio-Canada).

Il s’agit de l’une des dernières maisons historiques de l’Ancienne-Lorette. Malgré les 350 ans d’histoire de la municipalité, on y retrouve seulement 18 bâtiments inscrits à l’inventaire du patrimoine québécois. À la mairie, on assure que la conservation du cachet historique de la ville est une priorité et qu’il faut aujourd’hui justifier les décisions prises en la matière aux citoyens. «Il y a beaucoup de gens qui nous disent qu’il faut protéger le patrimoine, mais quand on leur explique les impacts de protéger ce patrimoine-là, le discours commence à changer», explique Philippe Millette.

Le terrain est situé tout près d’une intersection principale, juste à côté d’une pharmacie et à deux rues d’une école primaire. Un endroit rêvé pour un promoteur immobilier qui souhaite y construire un complexe d’habitation. Malgré tout, la maison est encore là. Philippe Millette explique pourquoi : «À l’Ancienne-Lorette, on ne peut pas démolir sans avoir un permis de remplacement». En résumé, le promoteur a besoin d’un plan approuvé par la municipalité avant de commencer la démolition, ce qui est rare dans la province.

Un développement terminé en 2023 à l’Ancienne-Lorette, qui démontre bien l’intention de la mairie de densifier la ville (photo : Samuel Kroft / L’Exemplaire).

La ville « 15 minutes »

Densifier les villes est une chose commune en 2023. Il s’agit d’une solution souvent mise de l’avant pour faciliter le transport en commun, encourager les entreprises locales et diminuer le trafic. Mais la transformation ne se fait pas sans détruire certains bâtiments, et chaque démolition tend à soulever la colère d’une partie de la population.

La ville «15 minutes» ne se fera pas sans sacrifices, d’où la grande importance d’une planification urbaine décente. Philippe Millette explique le plan de l’Ancienne-Lorette : «l’idée, c’est de cibler les terrains qui ont un potentiel de redéveloppement, d’ajuster la réglementation en conséquence et de mettre en place un cadre pour permettre l’harmonisation de ces projets-là avec le secteur environnant». En somme, démolir pour mieux reconstruire, dans le respect du quartier et de ses citoyens.

Les consultations obligatoires, les réglementations strictes et les limitations sur ce qui est possible de construire font toutefois fuir les promoteurs. Un seul d’entre eux a voulu relever le défi de démolir la Maison jaune et d’y construire quelque chose de nouveau avec ces contraintes. Aussitôt que son plan sera approuvé, la démolition pourra commencer.