Dans une ère de mondialisation, les relations internationales entre les municipalités deviennent monnaie courante et les jumelages, anciens symboles d’amitié, se transforment en partenariats concrets. L’avenir des entreprises nationales, l’enseignement ou encore la culture serait-il entre les mains des villes?

Le terminal du port de Québec, samedi 9 avril, 14h. Alors que pour la plupart la journée n’est entamée qu’à moitié, d’autres sont déjà réveillés depuis plusieurs heures. Et de longues heures. Les yeux fatigués derrière leur écran, les participants au Pixel Challenge, organisé dans le cadre de la semaine du numérique, sont actifs depuis jeudi. Leur défi? 48h pour réaliser un jeu vidéo. Une expérience pour ces jeunes passionnés. Parmi eux, 14 étudiants belges ont fait le déplacement jusqu’à Québec pour participer à cette « Game Jam ». Le voyage et le décalage horaire ne facilitent pas le travail. « On a essayé de tenir mais je pense que l’on a tous craqué au moins une fois, soit devant notre ordinateur soit dans les dortoirs mis à notre disposition », sourit Romain Lambert, étudiant belge. Par équipe, les jeunes créateurs doivent concevoir un jeu en l’espace de deux jours. Un vrai challenge où l’organisation entre les membres est essentielle.

Une opportunité en or que les 14 étudiants issus de la haute école Albert Jacquard de Namur (Belgique) ont su saisir. « Ils sont arrivés ici par leurs propres moyens et c’est d’ailleurs ça qui est très bien, c’est un peu de l’entrepreunariat« , salue Frédéric Laloux, commissaire en relations internationales de la ville de Namur en Belgique. Une délégation belge très présente aux différents événements de la semaine du numérique à Québec. Présence d’entreprises wallonnes à la recherche de nouvelles idées et d’innovations, rendez-vous entre universités pour de futurs partenariats, les Namurois sont loin d’être venus en « touristes » ici. « A Québec, les Belges se sentent comme chez eux« , affirme Benoît Rutten, délégué général Wallonie-Bruxelles à Québec. En effet, depuis 1999, la ville de Québec est jumelée avec celle de Namur.

Jumelage, tourisme ou résultats concrets?

Enormément de municipalités à travers le monde sont jumelées. Bien longtemps, ces jumelages étaient un symbole afin de marquer une amitié entre deux villes. Qu’en est-il aujourd’hui? Beaucoup parlent de l’effervescence des « Villes-Etat », ces villes développent et consolident leurs échanges internationaux et leur réseautage.
Pierre Racicot, directeur de Villes et Régions Innovantes:

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« Un jumelage c’est une entente écrite qui donne des grands objectifs, ça formalise les relations et ça donne un cadre beaucoup plus précis que simplement « je collabore une fois et c’est fini » » définit Pierre Racicot, directeur de Villes et Régions Innovantes (VRIc)

« L’herbe est plus verte ailleurs » dit-on. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, les villes deviennent curieuses. Elles jettent un oeil chez leurs voisins afin d’aller voir comment fonctionnent les administrations municipales. Que ce soit en Europe, Asie ou en Amérique, les relations internationales sont, la plupart du temps, profitables. Culture, sport, éducation, entreprises, économie, les villes font rarement la promotion des résultats positifs de ces relations internationales entre municipalités. Pourtant ils existent. Le jumelage entre la ville de Québec et celle de Namur en offre quelques preuves. Lors de son déplacement à Québec, la délégation belge a, par exemple, visité la Maison de la Littérature, une église transformée en bibliothèque. Une idée innovante née à Québec qui traversera peut-être l’Atlantique pour se retrouver sur les terres namuroises…

Du numérique au… déneigement !

Tout au long de la semaine du numérique, les conférences se sont enchaînées et les expertises échangées. Luc Gennart, échevin du développement économique et des voiries à Namur a, notamment, rencontré son homologue québécois, Louis Potvin, directeur général adjoint aux services de proximité à la ville de Québec.

Un jumelage entre deux villes favorise des échanges d’expertise en matière de gouvernance locale, de transports en commun ou encore d’aménagement. Mais peut-on facilement prendre des projets réalisés dans une ville et les implanter dans une autre? Toute comparaison entre Québec et Namur peut sembler impensable tellement elles sont différentes en terme de taille ou encore de démographie. Mais Luc Gennart rassure : « les villes ne sont pas si différentes que cela. Il suffit d’adapter les idées à l’endroit. »

Les projets futurs concernant le jumelage entre Québec et Namur sont nombreux. Les célèbres Chinels de Namur pourraient s’installer dans le défilé du carnaval de Québec, une façon de partager les traditions de chacun. Namur désire également rendre hommage, chaque année, à un soldat du 22e régiment enterré dans sa ville. Sarah-Eve Huot, conseillère en relations internationales de la ville de Québec, trouve l’idée excellente: « nous avons Valcartier ici et Namur est également une ville militaire, je pense qu’un rapprochement est judicieux. » 2019 marquera le vingtième anniversaire de ce partenariat. Mais avant cette année phare, la ville de Namur lancera du 6 au 10 novembre 2017, sa première semaine digitale où les Québécois viendront certainement apporter leur expertise mais aussi écouter les orateurs wallons.