Jeudi dernier à Montréal, l’entreprise a rendu public son plan d’adaptation face aux changements climatiques, qui a pour but de s’ajuster à leur fréquence et intensité. Le plan résulte d’une recherche ayant été réalisée dans les trois dernières années par les experts d’Hydro-Québec.

Le plan de l’entreprise comprendrait une dizaine d’actions qui visent à prévenir le bris des installations tout en assurant une bonne distribution de l’énergie. L’entreprise prévoit notamment substituer le bois des poteaux par un matériel plus résistant, renforcer certaines lignes de transport, et augmenter la vigilance associée aux feux de forêts. Les changements climatiques envisagés sont notamment des vagues de chaleurs, une augmentation des précipitations, des vents violents, des pluies verglaçantes ainsi qu’un dégel du pergélisol, qui est une couche du sol restée gelée pendant plus de deux ans.
Le dégel du pergélisol peut engendrer plusieurs problèmes dont l’évaporation de CO2, qui contribue au réchauffement de la planète.

Des actions déjà en place

« Plusieurs choses sont déjà en mouvement », déclare Francis Labbé, porte-parole d’Hydro-Québec. Parmi ces mesures, la protection accentuée des lignes de transport serait déjà en œuvre. En ce qui concerne les poteaux « en composite ou en acier, on en a installé plusieurs en Outaouais […] dans des régions où on a plus d’humidité ». Il poursuit en disant que la mise en place de ces actions vise à évaluer leur optimalité à long terme.

Toutefois, l’entreprise n’aurait pas encore alloué de budget associé au plan d’adaptation : « il est extrêmement difficile de déterminer la totalité des coûts associés aux changements climatiques » dit le porte-parole d’Hydro-Québec. D’une part, certaines installations seraient à refaire d’emblée, et d’autre part, il est difficile de prévoir avec exactitude les perturbations climatiques auxquelles l’entreprise devra faire face : « le défi majeur, c’est de s’adapter aux changements dans l’ensemble du territoire, que ce soit dans le nord du Québec ou dans les villes ». D’ici la fin du siècle, la médiane des changements de température dans le nord pourrait atteindre 7,1 °C, et environ 6°C dans la région de Montréal.

Une nouvelle réalité

Selon Laura Daleau, professeure en changements climatiques à l’Université Laval, le réchauffement climatique « est alarmant puisqu’on le vit déjà ». Au Québec, on observe des « pertes de territoires par l’érosion des côtes, l’augmentation d’épisodes de chaleur intense, des vents extrêmes, ce qui peut causer la vulnérabilité des populations et des infrastructures ». Mme Daleau ajoute que la grande quantité d’eau douce présente au Québec n’est pas un bien acquis : le réchauffement peut causer une « euphorisation des lacs et une augmentation de leur température, ce qui mène à une diminution de la qualité de l’eau ». L’euphorisation des lacs se manifeste lorsque les lacs atteignent une température propice à la prolifération d’algues. Elle termine en mentionnant que « dans les latitudes au nord, ça se réchauffe deux à trois fois plus rapidement que dans le reste du monde ».

La vaste quantité d’eau potable au Québec « n’est pas un bien acquis ». Crédit photo : Constance Chalifour
Francis Labbé, porte-parole chez Hydro-Québec. Crédits photo : Françis Labbé