La rareté des logements de location se faisant ressentir depuis deux ans au Québec, certains qualifient ce phénomène de « crise du logement ». Selon Éric Brideau, gestionnaire immobilier et propriétaire de la compagnie Gescorp inc., ce terme est « un peu fort » et il pense que tout le monde sera logé le 1erjuillet prochain. Le taux d’inoccupation continuant de baisser, il explique en quoi cela lui est profitable.  

Bien qu’il confirme qu’il s’agit là d’une crainte partagée par plusieurs, Éric Brideau ne pense pas que des gens se retrouveront à la rue au début de juillet, à Québec. Il explique que les personnes qui sont sans logement à cette période n’ont souvent pas entrepris les démarches nécessaires assez tôt. C’est pourquoi, rendu au mois de mai, un nombre plus restreint de logements à louer leur est proposé, contrairement à janvier ou février.      

Selon le propriétaire de Gescorp inc., cette rareté concerne principalement les appartements à prix abordable et de grande dimension, et ce, pour une seule et même raison : la rentabilité. « Du logement pour la classe moyenne, il n’y en a pas du nouveau », dit-il en faisant allusion aux nombreux chantiers lancés durant les deux dernières années. 

En effet, les petits appartements à prix abordable (2 ½ et 3 ½) logeant principalement des étudiants ou des personnes seules, sont de plus en plus rares. La construction de logements neufs est favorisée et les immeubles usagés à prix modique sont délaissés, explique-t-il. Les gestionnaires immobiliers peuvent ainsi augmenter leur prix de location au détriment de la classe moyenne. Cette dernière, qui ne peut pas se permettre ces nouveaux logements, est la principale victime du phénomène.

Pour ce qui est des grands appartements pour les familles, Éric Brideau explique qu’ils sont difficiles à trouver puisqu’il s’agit d’une clientèle qui déménage moins. Leur disponibilité est donc faible sur le marché. Il ajoute qu’« il y a un peu moins de grands appartements qui sont construits parce que c’est moins intéressant au niveau de la rentabilité ».  

Enfin, il affirme que bien que le nombre de logements ait augmenté depuis deux années, « il n’y a pas eu tant de construction d’unités de logement ». Il s’agit surtout de condos, ce qui explique pourquoi le taux d’inoccupation continue tout de même à diminuer.  

Une crise aux effets positifs 

Le taux d’inoccupation étant actuellement à 3%, il s’agit d’un marché équilibré, selon Éric Brideau, pour qui la situation est favorable. En effet, étant donné la crainte d’une crise, les gens louent des logements plus rapidement, ce qui a pour effet de diminuer la durée de sa période publicitaire. Il n’a ainsi plus à faire de publicité de janvier à juin, comme c’était le cas il y a trois ans, mais peut dorénavant se contenter d’en faire de janvier à mars.

Ayant commencé à voir un changement il y a deux ans, il témoigne que « c’est merveilleux parce qu’on loue plus rapidement […] si on a, par exemple, dix logements à louer, au lieu de prendre quatre mois à les louer, on prend deux mois ».