Les méthodes d’enseignement changent au même rythme que les compétences requises pour le marché du travail évoluent. Madame Anne Fonteneau, réviseure linguistique agréée, docteure en littérature québécoise et enseignante à l’Université Laval, estime que les méthodes plus souples telles que les cours à distance offrent des avantages importants. Même si l’aspect social se perd, les bénéfices obtenus des cours asynchrones surclassent selon elle les points négatifs, pour tous : étudiants, enseignants et établissements.

Chargée de cours depuis plus de 20 ans, Mme Fonteneau a enseigné selon toutes les méthodes, des cours en classe traditionnels à ceux entièrement à distance. Selon elle, les bénéfices sont nets pour l’étudiant : au-delà des meilleurs résultats – jusqu’à 7 % –, les cours à distance permettent une meilleure appropriation des connaissances. « L’étudiant progresse à son rythme. Il peut revoir les capsules autant de fois que nécessaire et mieux gérer son temps », estime-t-elle. Mme Fonteneau note aussi que l’effet de pression du groupe ne se fait pas sentir : poser les questions en ligne est moins intimidant.

Par ailleurs, plusieurs chargés de cours font eux-mêmes le choix d’enseigner à distance. « En classe, l’enseignant est un magnétophone. On répète les mêmes choses, on répond aux mêmes questions, on raconte les mêmes blagues : à la longue, ça devient irritant. » En prodiguant un cours en ligne, le matériel est assemblé une seule fois. Fini les répétitions : le processus allège passablement la charge mentale du pédagogue. Il peut ainsi être centré sur l’étudiant et ses besoins individuels.

Le rôle de l’enseignant évolue aussi, note Mme Fonteneau, puisque l’accès à l’information n’est plus un enjeu comme autrefois. « Nous devons apprendre à nos étudiants à discriminer l’information, à vérifier leurs sources et leur donner des outils pour évaluer la crédibilité d’une information. »

Crépuscule pour la classe traditionnelle

Les universités y trouvent aussi leur compte : le besoin de nouveaux enseignants est moins criant puisque les cours en ligne permettent de satisfaire plus d’étudiants qu’en classe traditionnelle. Le financement du gouvernement joue aussi un rôle prépondérant. Chaque crédit par étudiant par cours à distance est subventionné à plus de quatre fois le taux d’un cours traditionnel.

C’est donc sans surprise que les universités travaillent d’arrache-pied à bonifier leur offre. Par exemple, l’Université Laval offre à ce jour plus de 1 000 cours à distance, sans parler de la TÉLUQ, une université d’enseignement à distance à 100 %.

Plus qu’une mode, les méthodes d’enseignement en ligne sont devenues incontournables. Avec ses multiples avantages, les cours en ligne s’inscrivent dans une tendance sociétale de délocalisation, de décentralisation et de démocratisation des savoirs.