Le Carnaval de Québec tenait du 8 au 17 février sa 65e édition. Même si l’organisation a mis en place l’une des plus grandes révolutions de la programmation de l’événement, le Bonhomme Carnaval était encore et toujours fidèle au poste. En effet, le bonhomme de neige et de glace est devenu beaucoup plus qu’une mascotte pour l’événement, mais plutôt un symbole fort qui perdure à travers les années.

D’entrée de jeu, le coordonnateur de l’équipe de Bonhomme pour le Carnaval de Québec, Réal Gobeil, signale que Bonhomme n’est pas une mascotte. « Bonhomme est vraiment un personnage qui a été créé à l’image d’un bonhomme de neige, mais il parle. En fait, il est presque humain d’une certaine façon », a commenté M. Gobeil.

« Bonhomme est un personnage presque vivant, tout comme nous. » -Réal Gobeil Crédit : Louis-Philippe Samson

Le symbole de Bonhomme a beaucoup évolué depuis son apparition en 1955. Selon M. Gobeil, qui fait partie de l’équipe de Bonhomme depuis 31 ans, il y a deux histoires à l’origine de Bonhomme. « La première est celle imagée, c’est-à-dire que Bonhomme est né de la pensée des enfants. Les bonshommes de neige sont un symbole de l’hiver, un symbole qu’on peut sortir jouer dehors. On en a fait la personnalité la plus importante du Carnaval », a raconté Réal Gobeil. À l’époque, ce sont des gens d’affaires de la Ville de Québec qui se sont réunis et qui ont voulu faire en sorte que les mois de janvier et février soient plus actifs grâce à des activités extérieures. ainsi, on a fondé le Carnaval et un comité a été mandaté pour créer un personnage qui est devenu Bonhomme Carnaval.

Le symbole est devenu si fort que Bonhomme a pris un rôle d’ambassadeur du Québec tant au Canada que sur la scène internationale, alors qu’il a effectué quelques visites à travers le monde, dont certaines à Paris en France, au fil des ans. Le rôle de Bonhomme au sein du Carnaval a toujours été très clair : il en est l’ambassadeur. « Le travail avec Bonhomme commence bien avant l’ouverture du Carnaval. Il visite plusieurs endroits, comme des garderies, des écoles, des résidences de personnes âgées et des hôpitaux. Il rappelle de bons souvenirs à certaines personnes et apporte un peu de gaieté aux endroits qu’il visite. Au début, Bonhomme faisait peut-être une dizaine de visites par Carnaval », a dit le coordonnateur. Il s’agit là d’un travail réglé au quart de tour pour le seul Bonhomme Carnaval qui avait un horaire très chargé lors de cette édition. Réal Gobeil décrit dans l’extrait suivant l’aura qui entoure le personnage de Bonhomme.

Une histoire qui continue de s’écrire

Les concepteurs ont porté une très grande attention aux détails de Bonhomme, de sa ceinture fléchée à son bonnet. « La symbolique de la ceinture est très importante. En plus de rappeler ce que nos ancêtres portaient, la ceinture fléchée était plus qu’une décoration. C’était un objet qui pouvait ceinturer les vêtements et permettre de conserver la chaleur. Les bûcherons s’en servaient comme support dorsal. En plus de rappeler le travail des Patriotes », a ajouté M. Gobeil.

« Depuis 65 ans, Bonhomme a évolué beaucoup. L’allure de Bonhomme a aussi changé, on voulait qu’il soit de plus en plus beau, on lui a refait la neige pour que ses rondeurs soient attirantes. Bonhomme évolue dans sa façon d’aborder les gens, dans sa façon de faire des activités. Bonhomme montre que les nouveautés font partie de son ADN et il veut participer à tout ce qu’il y aura à Québec pour promouvoir son Carnaval », a expliqué M. Gobeil.

Selon l’historien retraité et membre du conseil d’administration de la Société historique de la ville de Québec, Jean-François Caron, Bonhomme est le meilleur symbole que pouvait espérer le Carnaval. « Il n’y a pas meilleure façon de représenter l’hiver de Québec que par la neige. Un bonhomme de neige, c’est magique aussi parce qu’habituellement, un bonhomme, c’est statique, a fait remarquer l’historien. Je pense que si on avait pris un oiseau ou un autre symbole par exemple, ça aurait pu être intéressant, mais ça n’aurait pas été autant associé à l’hiver. Le Carnaval est une fête d’hiver, alors je ne crois pas qu’il y ait un meilleur symbole pour représenter le Carnaval. »

M. Caron se dit convaincu que peu importe les changements qui seront apportés à la fête hivernale, Bonhomme sera toujours un élément de premier plan. « On peut changer bien des choses, comme on a fait cette année, mais je suis convaincu qu’on ne touchera jamais à Bonhomme. Selon moi, ce serait une très grosse erreur, il y aurait une réaction importante de la population », a-t-il confié.

D’énormes sculptures de glace décoraient le palais de Bonhomme, comme cette réplique du Château Frontenac.  Crédit : Louis-Philippe Samson

« Le Bonhomme est devenu plus qu’une mascotte, mais plutôt un symbole et un ambassadeur. Dès 1955, on a fait le choix que la parade commencerait avec Bonhomme. Il a aussi pris un rôle de président en coupant le ruban et en déclarant l’ouverture des festivités, a rappelé Jean-François Caron. Son rôle d’ambassadeur lui a permis de voyager un peu partout dans le monde pour faire la promotion du Carnaval d’hiver. On a voulu faire un symbole et ça a très bien fonctionné parce qu’encore aujourd’hui, dès qu’on parle du Carnaval, c’est sûr et certain qu’on voit le Bonhomme. Il est l’image qui représente le Carnaval, il est pratiquement un logo. »

La paternité de Bonhomme fait elle aussi partie du mythe l’entourant. Des histoires divergentes ont circulé au fil des années à propos de sa création. « Bonhomme affirme être né d’une association entre les enfants et la neige, sauf qu’il y a une dizaine d’années, deux hommes se sont disputé la paternité de Bonhomme dans un quotidien de Québec. Pour montrer l’importance du Bonhomme, même son créateur est imprécis », a dit M. Caron.

Une édition 2019 moins traditionnelle

Selon Dario Gravel-Leduc, membre de l’équipe des activités du Carnaval, les activités offertes n’étaient pas à la hauteur des éditions précédentes. « Le site était restreint et les activités moins fidèles aux traditions du Québec telles que la luge et l’escalade de glace », a-t-il commenté. Par contre, pour ce qui a trait à Bonhomme, il a fait de nombreuses apparitions lors des activités et quelques prestations devant les participants. « Cette année, on a aperçu Bonhomme faire de la motoneige et du vélo de neige », a ajouté M. Gravel-Leduc. Il conclut en mentionnant que Bonhomme attire toujours autant les festivaliers sur place.