Lewis Irving a fait ses débuts en Coupe du Monde lors de la saison 2014-2015. (Crédit photo: Comité Olympique Canadien)

Le skieur acrobatique Lewis Irving a participé aux Jeux Olympiques de PyeongChang en 2018. En revenant de la Corée du Sud, il s’est cependant rendu à l’évidence qu’il devait se faire opérer à la hanche s’il voulait demeurer parmi l’élite mondiale. C’était le début d’un processus de réhabilitation d’une durée de 6 mois, qui comporte du travail en salle et un retour progressif sur la rampe de ski. 

Lewis Irving, skieur acrobatique de l’équipe nationale canadienne, n’aurait pu penser à un pire moment pour subir une importante blessure à la hanche : l’année de qualification des Jeux Olympiques. Alors qu’il s’entrainait pour la finale de la Coupe du Monde de Park City, au Utah, la neige s’est mise de la partie. Tout se déroulait bien pour le skieur et il a donc suivi le plan initial, faisant fi de l’importante accumulation de neige. « Dans ma tête, vu qu’il neigeait, je pensais être super lent alors je suis resté le plus petit possible pour essayer d’accélérer ma rotation. Au final, je n’étais pas lent du tout. Quand j’ai fini mon mouvement, il me restait encore 15 pieds avant de tomber », explique-t-il. Résultat : la tête fémorale a frappé le fond de l’articulation de la hanche, ce qui a déchiré le labrum, qui assure la stabilité de la hanche, et une partie de l’aine, entrainant une contusion à la tête fémorale.

Lewis Irving a dû se faire opérer à la hanche après une chute à l’entrainement. (Crédit photo: Courtoisie physiotech.ca)

À ce moment, il était clair que le skieur nommé recrue masculine de l’année 2015 par Freestyle Canada, l’organisme canadien qui chapeaute le ski de bosses, le ski acrobatique, le slopestyle et la demi-lune, devait se faire opérer. Croyant en ses chances de se qualifier pour les Jeux Olympiques de PyeongChang, Lewis Irving a pris la décision, avec les médecins, de se faire injecter de la cortisone pour continuer de skier jusqu’en février. « Ça a marché. Avec la cortisone, je n’avais pratiquement pas de douleur alors on s’est rendu jusqu’aux Jeux et ça a bien été. C’est en terminant les JO et en revenant à Québec qu’on m’a opéré en dedans d’un mois », raconte le skieur de 23 ans.

Dans la vidéo suivante, Lewis Irving parle de sa participation aux Jeux Olympiques de 2018.

(Crédit vidéo : Samuel Matte)

Le processus de réhabilitation

Après l’opération, c’est un processus de six mois de réhabilitation qui s’enclenchait pour Lewis Irving. Même si le médecin qui a procédé à l’opération parle de cinq mois de réhabilitation, le principal intéressé veut prendre son temps et y aller étape par étape, en choisissant de faire une croix sur la saison 2018-2019.

« On avait déjà pris la décision de manquer cette saison et de ne pas essayer de pousser, d’accélérer pour revenir. On s’est dit qu’on allait tout faire étape par étape, vraiment lentement. On veut être sûr de ne rien sauter pour ne pas devoir reculer », illustre l’athlète ayant pris le 24e rang aux Jeux Olympiques de Pyeongchang.

Le skieur complète son processus de réhabilitation dans la salle d’excellence du PEPS de l’Université Laval avec Jonathan Pelletier-Ouellet, préparateur physique de Freestyle Canada, avant de retourner progressivement sur la neige après les fêtes.

Lewis Irving devrait recommencer à sauter en février si sa réhabilitation se déroule comme prévu. (Crédit photo: Samuel Matte)

Lewis et Jonathan forment un duo depuis huit ans maintenant. Durant le processus de réhabilitation, ils travaillent ensemble quotidiennement afin que le skieur acrobatique retrouve son niveau de forme. « Les programmes de réhabilitation, c’est complètement différent. Il faut donc faire un plan de A à Z, de la blessure jusqu’au retour au jeu. C’est de périodiser ça en fonction de ses problèmes personnels et du processus de guérison de la blessure », affirme M. Pelletier-Ouellet.

Jonathan Pelletier-Ouellet travaille quotidiennement avec les athlètes identifiés par Freestyle Canada. (Crédit photo: Samuel Matte)

Maxime Provencher, physiothérapeute à la nouvelle clinique du PEPS de l’Université Laval, a auparavant travaillé quatre ans avec les hockeyeurs de l’Océanic de Rimouski. Il travaille donc autant avec des sportifs de haut niveau que des personnes qui veulent tout simplement être actifs, toujours dans l’objectif de soigner une blessure. « C’est sûr que l’approche du traitement est différente. Au final, les deux types de clientèles, leur but c’est d’aller mieux. C’est juste qu’il y en a un que c’est de retrouver le très haut niveau alors que l’autre, c’est parfois pour être plus confortable lors de la marche avec le chien », exprime M. Provencher.

Cette seconde vidéo aborde le processus de réhabilitation menant Lewis Irving aux Jeux Olympiques de 2022, à Tokyo.

(Crédit vidéo : Samuel Matte)

Des défis

Le processus de réhabilitation de six mois par lequel passe Lewis Irving apporte son lot de défis. Alors qu’il est habitué d’effectuer des sauts chaque jour, il doit maintenant réapprendre à faire chaque mouvement avant de chausser à nouveau ses skis.

« C’est des hauts et des bas. Au début, j’étais comme wow, finalement c’est fait. Deux jours plus tard, tu réalises que tu ne marches pas et que tu n’es pas capable de bouger, tu te dis que c’est un peu long », raconte le skieur de Québec.

Le préparateur physique et le physiothérapeute font eux aussi partie du processus post-opératoire. Jonathan Pelletier-Ouellet souhaite qu’un athlète en réhabilitation revienne le plus rapidement possible dans le gymnase. « C’est dur de les garder motivés. Il faut les amener au gym le plus rapidement possible. Ça a l’air niaiseux, mais après une grosse blessure au bas du corps, ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire du haut du corps avec du gainage ou des exercices qui le sortent de sa blessure », estime-t-il.

Maxime Provencher traite principalement des patients ayant des blessures au bas du corps. (Crédit photo: Samuel Matte)

Pour le physiothérapeute Maxime Provencher, il y a certes des défis quotidiens, mais la motivation aide grandement le processus de réhabilitation. « Les gens arrivent ici avec un objectif en tête et on travaille aux eux pour les amener vers cet objectif-là. Mais on sait que ce qu’on va leur conseiller, ça va être mis en application la plupart du temps », analyse-t-il.

Cette dernière vidéo rend compte de la gratification personnelle des intervenants sportifs qui travaillent avec des personnes qui doivent passer par un processus de réhabilitation.

(Crédit vidéo : Samuel Matte)

Le processus de réhabilitation implique un travail physique important, mais l’aspect psychologique n’est pas à négliger, confirment Lewis Irving, Jonathan Pelletier-Ouellet et Maxime Provencher. Un psychologue sportif peut donc également travailler avec un athlète qui traverse un processus de réhabilitation. De plus, tel que l’explique Lewis Irving, un athlète prend pour acquis les choses sur lesquelles il travaille chaque jour. « Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi important que ça [l’aspect psychologique]. En tant qu’athlète, depuis qu’on est jeune, on est habitué de pousser vers quelque chose, un but technique ou quoi que ce soit. De retomber quasiment à zéro, c’est quelque chose qu’on n’est pas habitué », explique le skieur.