L’aération des pièces est l’une des principales consignes données par le gouvernement pour améliorer la qualité de l’air en temps de pandémie. Une technique efficace, mais difficile à appliquer avec les températures actuelles. Sylvain Lévesque, professeur de 5e et 6e année à Val-des-Sources en Estrie, se plaint des consignes inadaptées.

Publié en janvier 2021, le rapport du groupe d’experts scientifiques et techniques « Ventilation et transmission de la Covid-19 en milieu scolaire » est formel : « Une ventilation adéquate des milieux intérieurs constitue une mesure de gestion efficace des contaminants de l’air ». Il recommande donc une ouverture des « fenêtres et des portes 30 minutes avant le début des classes et 30 minutes après » en plus de « profiter des périodes entre les cours pour ouvrir les fenêtres [..] pendant environ 5 minutes ». Des consignes simples, mais difficiles à appliquer alors que le mercure atteint régulièrement les moins 20 degrés depuis le début de la semaine.

Une consigne que beaucoup jugent irréaliste et qui sert d’argument politique aux opposants du gouvernement de François Legault. Sur son compte Facebook, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, fustigeait ces consignes qui obligeraient les élèves à garder « leur manteau sur le dos, leur tuque sur la tête et leurs mitaines ». Un post partagé plus d’un millier de fois.

Ironiquement renommé « Prof Sylvain, technicien en aération ! » sur Twitter, Sylvain Lévesque, professeur à Val-des-Sources en Estrie, se plaint des consignes. En accord avec ses élèves, il a décidé de ne plus respecter la limite des 1 500 à 2 000 ppm (parties par millions) de CO2 au-delà de laquelle il est conseillé d’ouvrir les fenêtres. « On a décidé de vivre avec le risque », explique-t-il.

Des millions mal investis

Depuis l’été, Québec a investi 75 millions de dollars pour installer 90 000 capteurs de CO2 dans les salles de classe de la province. Pour Sylvain, « les capteurs de CO2 c’est bien, mais ça n’enlève la projection par aérosols ». « Ce qui nous chatouille dans le monde de l’éducation, c’est ce ne pas savoir où sont allés les 432 millions de dollars donnés par le gouvernement fédéral au Québec pour sécuriser les écoles » ajoute-t-il. « Nos écoles datent des années 1960 ou 1970, on aurait pu avoir au moins des purificateurs d’air. »

Pour corriger le tir et calmer la colère du corps enseignant, le gouvernement du Québec a tenté de rectifier le tir. Dans une lettre adressée dernièrement aux enseignants, il conseille désormais de jongler entre préservation de la qualité de l’air et maintien d’une température confortable.