Le 5 septembre 1972, Munich n’était pas une cible, mais est devenu le théâtre de la plus grande tragédie dans l’histoire des Jeux Olympiques : l’attaque terroriste a tué 11 membres de la délégation d’Israël. Mises à part les différences de contexte historique et la nature même du terrorisme, le Brésil apparaît désormais dans une situation similaire en ce qui concerne Rio-2016.

Quoique le pays ne soit pas perçu normalement comme une cible par les services brésilien et étranger d’intelligence, les Jeux Olympiques qui se dérouleront à Rio l’année prochaine peuvent être considérés comme le scénario idéal pour les actions du groupe État Islamique contre leurs ennemis occidentaux qui seront tous présents à l’occasion. Le plus grand événement sportif de la planète mobilisera environ dix mille athlètes provenant de 206 pays, et doit attirer des millions de touristes vers le Brésil. Les organisateurs prévoient qu’une centaine de chefs d’État seront à Rio lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Seul le travail d’intelligence et de surveillance est estimé en 230 millions de Reais, soit environ 75 millions de Dollars canadiens.

Le Brésil compte également sur la coopération internationale pour prévenir et combattre le terrorisme pendant les Jeux Olympiques en août, a déclaré le responsable de la sécurité pour les grands événements, Andrei Augusto Passos Rodrigues, pendant la présentation du Plan de sécurité des jeux aux représentants de la sécurité de 78 pays, à Rio, le 25 novembre, selon l’AFP.

« Nous faisons tout ce qui est à notre portée pour faire face au terrorisme. Nous travaillons fortement avec la coopération internationale pour intensifier et créer des mécanismes qui permettent la prévention », a dit M. Rodrigues, en ajoutant que des policiers brésiliens avaient suivi de grands événements comme le Marathon de Boston, l’Assemblée générale de l’ONU ou les jeux panaméricains au Canada.

Lors d’une visite à la capitale Brasilia, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a proposé au Brésil l’aide des services de renseignements français. Le 19 novembre, la police d’élite brésilienne s’est entrainée avec des instructeurs français pour se protéger d’éventuelles attaques terroristes au siège du Bataillon de Choc de Rio. M. Rodrigues affirme encore qu’ont déjà eu lieu diverses réunions bilatérales sur le sujet aux États-Unis et que les autorités brésiliennes comptent aussi sur la coopération d’Interpol dans l’échange d’informations.

« Maintenant, nous disposons aussi du Centre intégré antiterrorisme (CIANT), où agiront policiers brésiliens et étrangers pour faire face à ce type de menaces », a-t-il souligné.

Interrogé sur le fait que pour attirer plus de touristes, la présidente Dilma Rousseff a levé la nécessité d’avoir un visa pour les ressortissants de certains pays pendant les jeux, il a estimé que cela n’apportait pas « d’impact négatif ». Cette dispense de visa des étrangers n’est cependant pas subordonnée à l’achat de billets pour les compétitions, et la permanence sera de 90 jours au maximum.

65.000 hommes seront mobilisés pour les JO de Rio

Le terrorisme a toujours été la première préoccupation des organisateurs des JO, mais « rien n’a changé » sur le front des menaces après les attentats de Paris, explique le secrétaire à la Sécurité publique de l’État de Rio.

« Le terrorisme est la préoccupation numéro un. Le Brésil n’a pas d’histoire de terrorisme, mais travaille toujours avec cette priorité lors des grands événements qu’il accueille », a déclaré M. José Mariano Beltrame à l’AFP.

Selon le secrétaire à la sécurité, entre 60 et 65.000 hommes de toutes les polices, des trois forces armées, de la force nationale d’élite et de la garde municipale seront mobilisés pour les JO de Rio ainsi que 15.000 de réserve.

« Nous sommes prêts. Chaque institution sait ce qu’elle doit faire. Nous voulons la médaille d’or en sécurité », a insisté M. Beltrame.

Selon le quotidien brésilien O Globo daté du 22 novembre, les responsables pour la sécurité analysent dès maintenant le profil de tous ceux qui travailleront dans les sites olympiques, les hôtels qui accueilleront les délégations, ainsi que les bénévoles des Jeux. Et, dans les prochains jours, commence une campagne pour sensibiliser les citoyens ordinaires à identifier les menaces potentielles.

Échelle de risque : délégations des États-Unis et de la France au niveau élevé

D’après le directeur général de l’Abin, Wilson Trezza, en entrevue au quotidien O Globo, les délégations des États-Unis et de la France sont au sommet de l’échelle de risque d’attentats terroristes pendant les jeux. M Trezza dit, cependant, qu’il n’y a pas de crainte d’un attentat aux Jeux Olympiques et a souligné l’importance du travail de prévention.

Les dix délégations à risque « élevé » sont : Canada, États-Unis, Égypte, France, Royaume-Uni, l’Iran, l’Irak, Israël, la Russie et la Syrie. Les délégations de sept autres pays sont considérées comme risque « moyen » : l’Australie, le Danemark, la Hollande, la Jordanie et la Norvège. Les autres pays, dont le Brésil, sont au niveau « faible » du risque.