Québec – Devant l’abondance de la production artistique, les peintres de Québec et les galeristes n’ont d’autres choix que de revoir sans cesse leurs stratégies de vente. Ainsi, certains ont récemment développé des stratégies novatrices et peu coûteuses pour accroître leur visibilité.

Par exemple, le peintre Hugo Landry s’est tourné vers les cafés et les restaurants pour exposer ses toiles. Jean-Simon Bégin a lui aussi décidé d’exposer ses œuvres dans un restaurant de Cap-Rouge là où se trouve principalement sa clientèle cible. Rien ne couvrait les murs du restaurant les Boucanes et Jean-Simon y a vu une occasion d’affaires. « Les gens viennent manger au restaurant et peuvent prendre le temps de regarder ce que je fais. Sur les réseaux sociaux et sur mon site Internet, les œuvres y sont, mais on perd l’aspect plastique de la chose. Au restaurant, les gens peuvent bien voir la texture des toiles, les couleurs, les reflets, etc. »

La formule des Art Battle

De son côté, la galerie d’art Factory a adopté et adapté la formule des Art Battle. Elle organise des compétitions où les artistes doivent, à l’intérieur d’un temps déterminé – à la Factory, on parle de 45 minutes –, créer trois toiles d’après trois thèmes soumis par les spectateurs. Pendant la création, le public enchérit sur les œuvres en cours de production. L’artiste dont l’enchère est montée le plus haut est considéré comme vainqueur et le plus haut enchérisseur repart avec la toile. Habituellement dans les compétitions de ce type, les tableaux produits par les autres participants sont détruits par des moyens peu communs, comme une tronçonneuse. À la Factory, néanmoins, ils sont plutôt mis en vente par respect pour les artistes et les spectateurs qui aimeraient les acquérir.

Hugo Landry est très impliqué auprès de la galerie et participe aux Art Battle. Il précise qu’il est très difficile pour un artiste de participer à ce genre de compétition. Cela demande une très grande capacité d’adaptation et énormément de pratique. Néanmoins, croit-il, le jeu en vaut la chandelle. Les retombées de telles compétitions sont importantes, non seulement pour l’artiste lui-même mais aussi pour la galerie qui l’accueille.

Marketing culturel

Ces innovateurs font ce que recommande le professeur François Colbert, professeur titulaire en marketing culturel à l’école de gestion universitaire HEC Montréal. Les artistes qui réussissent, a-t-il expliqué à l’Exemplaire, sont ceux qui utilisent le mieux les stratégies de vente adaptées au domaine culturel. Aussi, ajoute-t-il, l’artiste, pour survivre, doit trouver son public et apprendre à le connaître en allant à sa rencontre.

Dans le même sens, Hugo Landry invite les artistes débutants à approcher les galeries, à participer à des événements (tels les Art Battle) ou à des expositions thématiques organisées par les galeries, et à assister à un maximum de vernissages pour se créer de nouveaux contacts. Quant à lui, Jean-Simon Bégin croit que l’artiste doit trouver le bon public qui sera sensible à l’œuvre.

Les réseaux sociaux

Ces deux artistes misent aussi sur les réseaux sociaux pour se constituer un bassin de clients. « Ce qui est bien avec les réseaux sociaux, c’est qu’ils permettent d’associer une personne à son art. Non seulement Facebook m’a permis de me faire une clientèle, mais m’a aussi permis d’aller à la rencontre de celle-ci. », explique Jean-Simon Bégin.

Il insiste également sur l’image qu’un artiste doit projeter sur les réseaux sociaux. « Les artistes en arts visuels doivent contrôler leur image de marque autant que les acteurs ou les musiciens. Certaines choses ne doivent pas s’y retrouver. »

Par contre, le professeur François Colbert lance une mise en garde contre le fait de trop miser sur les réseaux sociaux. En raison de leur popularité grandissante, explique-t-il, les réseaux sociaux ne seront pas toujours aussi efficaces. La concurrence s’y fera de plus en plus féroce, et, en conséquence, la visibilité de chacun sera moindre.