Les journalistes ne sont pas tous égaux face au processus de vérification de l’information. Dépendamment du média qui est le sien, et des impératifs de temps et d’argent auxquels il se trouve soumis, chaque journaliste a un rapport différent à la vérification.

Le journaliste du quotidien qui a des délais très serrés a une marge de manœuvre probablement plus restreinte qu’un journaliste évoluant en magazine. Néanmoins, au-delà de ces différences et quel que soit le contexte particulier de chacun, le cross-checking ou recoupement des sources, apparaît dans tous les cas comme un passage obligé pour amoindrir le risque d’erreurs au cours de la  collecte de l’information en ligne.

Vérification première : la source est-elle fiable ?

La première étape consiste donc à vérifier la fiabilité de la source à partir de ce que l’on en sait: l’auteur, la provenance, le contexte de publication ainsi que l’adresse IP du site où l’information est hébergée etc…sont de précieux outils pour cette première évaluation.

Cette information est-elle reprise par des sources avérées sur le Web ?

Les grands médias, les agences de presse, les blogues réputés, les sources gouvernementales et/ou institutionnelles, les organismes à la réputation affirmée etc…sont autant de sources avérées qui peuvent être considérées en premier lieu au moment de faire le recoupement. À noter qu’idéalement, Wikipédia ne devrait pas être envisagée comme une source à part entière, mais davantage comme un filtre où l’on va puiser d’autres sources, à savoir celles citées en notes et parmi lesquelles peuvent se retrouver souvent des médias de confiance.

Vérification sur les réseaux sociaux

Aller sonder les réseaux sociaux pour savoir ce qui se dit sur le sujet peut être un bon réflexe. Twitter permet ainsi de créer des listes hashtags par mots-clés et d’en suivre les actualisations. Le crédit sera donné aux comptes bien authentifiés. Il faut également faire attention à remonter au tweet initial qui a lancé la nouvelle. Une précaution à prendre dans la mesure où sur les réseaux sociaux comme ailleurs sur le Web, le risque de l’information fake, fabriquée de toutes pièces et entretenue du fait de son partage, est bien présent. Enfin, les réseaux sociaux sont à prendre avec des pincettes et à utiliser davantage comme des donneurs d’alerte qui vont  pousser le journaliste à investiguer sur certaines informations glanées, que comme des sources primaires sur lesquelles il pourrait fonder la fiabilité de ce qu’il avance.

Google n’est pas le seul moteur de recherche

Comme le soulignent Marcel Machill et Markus Beiler dans leur étude «The importance of the Internet for journalistic research» l’usage prédominant que font les journalistes de Google peut favoriser une certaine distorsion de la réalité, dans la mesure où dans un moteur de recherche l’information est pré-hiérarchisée. Diversifier ses moteurs de recherche sur le Web peut donc être une bonne solution pour démultiplier ses sources potentielles et élargir ainsi ses horizons dans sa routine de vérification.

Évaluer l’étendue du recoupement à effectuer en fonction de l’importance de la nouvelle.

Si pour des contraintes de temps et d’argent, tous les journalistes ne peuvent pas se permettre une vérification quasi exhaustive à la manière du Reader’s Digest, il n’en demeure pas moins que le journaliste se doit, pour offrir une information rigoureuse, de tendre tout au moins à un certain équilibre entre la force et l’importance des faits qu’il avance et la qualité du processus de vérification qu’il va mettre en place pour corroborer ces faits. Autrement dit, le standard de vérification et de rigueur attendu de la part d’un journaliste d’enquête, par exemple, est nettement supérieur à celui d’un journaliste relayant des faits  «plus légers» ou  l’exposant moins à des poursuites judiciaires en cas d’information erronée.

Sortir du Web

La source vivante à laquelle on a directement accès et que l’on peut citer, demeure incontournable pour confirmer ou infirmer une information. Pour sortir du Web, le téléphone reste, à cet égard, un outil clé dans la cueillette et la vérification de l’information.